Anorexie, boulimie, compulsions alimentaires : l'association peut vous aider à voir les choses Autrement

Anorexie mentale et boulimie
Définition, symptômes et maladies associées Causes et mécanismes
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Anorexie : les causes


Pr D. Rigaud, Nutrition

 

L'anorexie mentale peut se définir comme un besoin compulsif de maigrir, par peur de grossir ou de regrossir. Cette peur pousse la personne, en règle une jeune fille, à chercher à maigrir encore et toujours plus et, de ce fait, à réduire toujours plus son alimentation.

On a beaucoup tenté d'expliquer l'anorexie mentale.

On a cherché longtemps une responsabilité des parents, notamment de la mère.

1. Qu'en est-il ?

L'anorexie mentale est une conséquence d'un apport énergétique (calorique) et protéique insuffisant.

Mais, cette réduction des apports n'est pas la cause : elle n'est que la conséquence, le moyen pour maigrir. Pour autant, elle va favoriser la poursuite du processus. Derrière ce besoin de maigrir, on peut souvent constater un sentiment de mal-être. Ce sentiment de mal-être pré-existait souvent.

2. Trois niveaux de causes

Pour être schématique, trois niveaux de facteurs vont expliquer, chez une personne donnée,
la mise en place de l'anorexie mentale :

  1. Un terrain prédisposant,
  2. Un contexte favorisant,
  3. Un facteur déclenchant.

2.1. Le terrain

Un 1er point : N'importe qui ne peut pas développer une anorexie mentale.

Génétique : Toutes les études confirment qu'il faut, statistiquement, un terrain génétique particulier. On connait maintenant des gènes qui expliquent la susceptibilité à l'anorexie mentale. Mais la génétique n'explique pas tout. A noter, et c'est important à comprendre, que l'existence d'un facteur génétique dans la genèse de la maladie "anorexie mentale" ne se traduit pas forcément, pour une malade donnée, par la constatation d'un cas d'anorexie mentale dans la famille. Il peut y avoir en effet un gène prédisposant qui est là, sans qu'il se dévoile, faute d'autres facteurs. Car la génétique n'explique pas tout !

Famille : On a établi qu'il existait un fonctionnement familial prédisposant à l'anorexie mentale : au premier chef, si on trouve chez un des parents (en règle la mère, mais aussi le père), des pensées et un comportement de restriction alimentaire soutenus (forts) ou s'ils mettent sans arrêt en avant un idéal physique de minceur. Un autre facteur est une tendance dépressive dans la famille.

En revanche, on a abandonné l'idée selon laquelle la mère est abusive, fusionnelle ou accaparante et le père absent.

Société : Une société prônant les régimes-minceur, l'idéal minceur, la forme physique, les hypermarchés de l'alimentation, les aliments-plaisir à tout bout de champ, ainsi que la sécurité à tout prix est une société où l'anorexie mentale est plus fréquente qu'ailleurs.

Sexe : Comme pour tous les troubles du comportement alimentaire, le sexe féminin semble être un facteur-clé de l'anorexie mentale : 95 % des patients sont de sexe féminin !

2.2. Le contexte

L'adolescence : c'est une période à risque : au moins 70 % des cas d'anorexie mentale commencent à l'adolescence, notamment la 2ème partie (15-18 ans).

Un mal-être : Un mal-être pré-existant est un autre facteur important : rare sont les malades qui disent que l'anorexie mentale a commencé sans qu'il y ait ce mal-être.

Un changement de mode de vie : s'il déstabilise la personne.

Un traumatisme : Un antécédent de traumatisme (psychique, physique ou sexuel) est possible aussi, parfois décalé dans le temps (plusieurs années avant).

2.3. Facteurs déclenchants

Il semble exister trois facteurs déclenchants identifiables à l'anorexie mentale :

  1. Un régime pour maigrir : ce sont au moins les deux tiers des patients qui signalent s'être mis au régime dans les semaines (mois) précédants.
  2. Un état dépressif : environ 15 à 20 % des patients disent qu'un état dépressif a précédé l'anorexie mentale
  3. Une de réduction franche des apports énergétiques : ablations dentaires, diabète ou maladies digestives, infections virales durables sources d'anorexie vraie (perte d'appétit).

3. Le sexe joue-t-il un rôle ?

Indéniablement, puisque 95 % des personnes qui souffrent d'anorexie mentale sont de sexe féminin. En cause, les hormones, le changement de silhouette à l'adolescence, le regard des autres sur cette nouvelle silhouette et le poids des médias sur la minceur chez les filles.

4. Y a-t-il des caractéristiques psychiques (mentales) particulières derrière l'anorexie mentale ?

On peut en lister quelques unes, sans certitudes scientifiques :

  • Le manque de confiance en soi
  • Le manque d'estime de soi
  • Les difficultés à s'affirmer
  • Une tendance à la psychorigidité et au besoin de contrôle
  • Le besoin de perfection excessif
  • La peur de l'inconnu (du lendemain)

A noter que beaucoup de ces facteurs sont liés entre eux.

A noter aussi qu'ils peuvent être la conséquence de ou accentués par l'anorexie mentale elle-même.

5. En conclusion

Il n'y a plus lieu de chercher un seul facteur pour expliquer l'anorexie mentale, ni même pour expliquer l'anorexie mentale de cette personne en particulier.

Sur un terrain particulier (par exemple génétique et sociétal), dans un contexte particulier (par exemple la 2ème partie de l'adolescence), un régime pour maigrir, quand il est associé à un mal-être, ou bien un état dépressif masqué (qui a conduit à restreindre son alimentation) vont faire que se mette en route l'anorexie mentale.

 

Publié en 2019.11