Pr D. RIGAUD, Président de Autrement
La confiance en soi est l’aptitude à se croire capable de faire des choses. Mais c’est aussi celle de se croire capable de se faire aimer par les autres.
Le sentiment de confiance en soi repose à la fois :
- sur des éléments quantitatifs (« combien de choses est-on capable de faire ? »)
- et sur des éléments qualitatifs (« quel niveau de capacité a-t-on ? »).
La confiance en soi est un sentiment. C’est ce que la personne croit être capable de faire et non pas seulement ce qu’elle est capable de faire.
La confiance en soi est une perception positive : elle donne de la satisfaction et elle rassure. Le manque de confiance en soi recouvre donc une perception négative : état dépressif, peur, angoisse.
La confiance en soi est donc une réponse à la fois objective et subjective à une question « suis-je en mesure de faire les choses ? ». Voici un exemple :
Si une personne pense à ce qu’elle pourrait, en théorie, savoir-faire, elle verra forcément qu’il y a des millions de choses qu’elle pourrait savoir et qu’elle ne saura au mieux en faire que « un pour cent ». Ce « un pour cent » est… beaucoup au regard de ce que font les autres et fort peu en pourcentage. Elle peut en effet se dire qu’elle devrait savoir conduire un avion et une voiture, fabriquer un ordinateur et construire un arc en bois pour son fils, sauter en parachute et sauter à la corde, tuer un poulet et un éléphant, taper dans une balle de golf et gagner un prix de formule 1…. Et j’en oublie des milliers ! Ce que l’on a à savoir, à savoir faire, à savoir être au monde, dans toute une vie, est immense, incommensurable et ce que l’on sait faire est, en regard, tout petit, minuscule !
La confiance en soi est inversement proportionnelle au degré de liberté : plus je suis libre de faire tout ce que je veux, moins je me sens capable. Il est plus facile de décider une seule chose par mois que mille ! C’est au demeurant sûrement une raison qui fait que le manque de confiance vient avec l’autonomie individuelle, celle que l’on acquiert (ou pas) à 3-5 ans et celle que l’on rencontre à l’adolescence.
La confiance en soi est intimement liée à la confiance que les autres nous accordent. C’est pourquoi on peut manquer de confiance en soi aussi bien quand nos parents nous ont dit « tu es nulle, tu ne sais rien faire, tu es incapable » que quand nos parents nous entourent d’amour mais font tout à notre place. Un enfant qui a grandi dans la rue et a appris à s’en sortir tout seul a parfois plus de confiance en lui qu’un jeune adulte que ses parents ont remplacé dans toutes les décisions importantes.
La confiance en soi est intimement liée à la « mécanique » sensitivo-motrice au niveau du cerveau. Pour dire les choses simplement, il faut que la personne sente (par exemple, une odeur ou une émotion en elle), agisse en conséquence, sente le changement, réajuste son acte, constate les modifications à la fois sur elle et sur les autres et conclut. Ceci explique pourquoi on peut tisser du manque de confiance en soi tout autant avec des parents indifférents (on n’existe pas pour eux) qu’odieux (qui vous dénigrent). Pour qu’un enfant apprenne à réussir quelque chose, il faut qu’il constate à la fois le plaisir que ses parents ont quand il y arrive et le déplaisir affectueux qu’ils montrent quand il échoue ! C’est vrai aussi pour les adultes, mais les personnes qui « fabriquent de la confiance » se multiplient : un chef, un mari, un entraîneur, un « maître ». S’ils ne montrent aucune émotion ou réaction à ce que je fais (dis), je risque de manquer de confiance en moi autant que s’ils disent que je suis nulle ! |
La confiance en soi est intimement liée à l’affection qu’on nous porte. L’enfant de 2-4 ans doit apprendre des choses « complètement stupides », tant elles sont faciles pour un adulte : se mettre debout, marcher, tenir sa cuillère, manger tout seul, allumer la lumière, enlever ses chaussures… Seul l’amour de ses parents le pousse à le faire et seule la satisfaction qu’il voit dans leurs yeux l’amène à penser qu’il PEUT LE FAIRE. Les animaux et les humains acquièrent de la confiance en soi par l’amour autant que par le savoir. Quand on se coupe des autres (ou que le TCA vous coupe des autres), on perd mécaniquement sa confiance en soi.
Au fond, la confiance en soi est aussi la capacité de demander à l’autre une aide pour faire les choses : ex. : que serait un médecin hospitalier sans infirmières et aides-soignantes ? Que serait un grand patron de l’industrie sans ouvriers ?
La confiance en soi est un point de vue sur les choses et sur soi-même. Socrate disait « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. Mais je cherche ! ». Or, Socrate est quelqu’un de bien !!!
- En 1er lieu, fabriquer de la confiance en soi consiste à… ne pas se poser la question !! La solution est de faire ce qu’on a à faire. Mais j’admets que la question peut se poser « toute seule » dans notre tête ! Alors opposons-lui : « ce n’est pas le problème ».
- En 2ème lieu, il faut se dire que l’important est de faire, car le savoir-faire passe par le faire et pas par le savoir. Je ne peux pas « savoir faire du vélo » avant d’en avoir fait. Il faut même en avoir fait beaucoup, pour savoir en faire.
Acquérir de la confiance en soi quand on souffre de TCA oblige à s’imposer des règles :
Conclusion : Le plus drôle, c’est que quand on a confiance en soi, on ne se pose pas la question. Pour acquérir ce subtile rapport avec soi-même, il faut s’entourer (de ceux qui vous aiment), être dans une relation de ressenti et d’action « je sens que je fais et je fais ce que je sens » et avancer pas à pas, comme un enfant qui vient de naître.
CITATIONS |
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Les plus petites de nos actions sont toujours meilleures |
Robin Sharma |
On peut toujours plus que ce que l’on croit pouvoir. |
Joseph Kessel |
Ils peuvent parce qu’ils pensent qu’ils peuvent. |
Virgile |
Un défaut qui empêche les hommes d’agir, |
Jacques-Bénigne Bossuet |
On peut toujours plus que ce que l’on croit pouvoir. |
Joseph Kessel |
Publié en 2015