Résumé : L’approche nutritionnelle est essentielle, ce n’est pas parce que l’anorexie est « mentale » qu’il faut négliger l’aspect nutritionnel. L’anorexie tue par dénutrition. La suppression des repas favorise la prochaine crise de boulimie et un mauvais équilibre alimentaire conduit à la compulsion. Un mauvais état nutritionnel aggrave le risque d’ostéoporose et empêche les cycles menstruels. |
Des règles spécifiques : Elles n’ont rien à voir avec celles données aux patients obèses. Dans l’anorexie mentale, le risque est chez tous les malades, et pendant longtemps, qu’ils perdent du poids, pas qu’ils continuent à grossir. Il faut donc encourager les manœuvres utilisées en cas d’amaigrissement : plutôt 3 repas et une collation que deux repas ; insister sur l’intérêt des matières grasses, pousser à une consommation modérée de sucre… Il faut encourager ces patients à manger plus gras, y compris des aliments « interdits » (beurre, lait entier, huile) et, surtout ne pas encourager le manger « santé et seulement santé » : légumes verts contre jaune d’œuf ou pâtes.
L’hyperactivité physique : Il faut surtout ne pas oublier que beaucoup de ces malades ont développé, par peur de grossir ou de devenir gras, une intense activité physique (hyperactivité) et que l’angoisse augmente les dépenses énergétiques. Ces patientes ont donc souvent des besoins en féculents et en matières grasses nettement plus élevés que les sujets de poids normal, ou a fortiori les gens obèses (voir tableau ci-dessous). D’autres mesures sont identiques à celles qu’on peut donner aux patients obèses : ne pas sauter de repas ; mesurer sa faim ; se fier plus au modèle alimentaire donnée qu’à ses sensations ou à ses peurs ; boire en mangeant.
L’approche comportementale : il faut expliquer aux malades quels sont les besoins énergétiques et nutritifs nécessaires au renouvellement des cellules et au fonctionnement de l’organisme. Il faut leur faire exprimer les émotions qui sortent au moment des repas ou des crises de boulimie, ou de l’hyperactivité physique.
Nos besoins caloriques dépendent de 6 facteurs :
1- le sexe : ils sont plus élevés chez l’homme que la femme ;
2- la taille : ils baissent avec la taille ;
3- l’âge : ils baissent avec l’âge ;
4- le poids : ils augmentent avec le poids ;
5- l’activité physique : l’activité sportive, mais aussi l’activité physique de tous les jours ;
6- le contexte génétique : il est des familles prédisposées au surpoids et d’autres à la maigreur.
Le tableau ci-joint en donne quelques exemples. On peut y voir qu’il existe de notables différences de dépense énergétique (caloriques), pour chaque tranche d’âge, selon le poids et l’activité physique.
Tableau des dépenses énergétiques selon l’âge, le poids et le niveau d’activité physique
Age |
Poids |
Act. + |
Act. + |
Act. ++ |
Act. +++ |
15 |
45 |
1650 |
1850 |
2100 |
2300 |
à |
50 |
1750 |
2050 |
2300 |
2550 |
19 |
55 |
1900 |
2100 |
2450 |
2700 |
ans |
60 |
2000 |
2300 |
2600 |
2900 |
20 |
45 |
1600 |
1800 |
2050 |
2250 |
à |
50 |
1700 |
1950 |
2200 |
2440 |
29 |
55 |
1800 |
2100 |
2350 |
2600 |
ans |
60 |
1950 |
2200 |
2500 |
2750 |
30 |
45 |
1500 |
1700 |
1950 |
2150 |
à |
50 |
1600 |
1850 |
2100 |
2350 |
40 |
55 |
1750 |
2000 |
2250 |
2500 |
ans |
60 |
1850 |
2100 |
2400 |
2650 |
Légende : valeurs moyennes approchées (à 10 % près) pour un indice de masse corporelle (IMC) normal (21 kg/(m)2). Act. : activité physique, +: faible, + :modérée, ++ : intense, +++ : très intense
Publié en 2008