Anorexie, boulimie, compulsions alimentaires : l'association peut vous aider à voir les choses Autrement

Anorexie mentale et boulimie
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Rôle des parents dans la guérison d'un trouble alimentaire


Mme Sophia Ducceschi - Psychothérapeute-Analyste

1. Le rôle des parents dans la guérison de l'anorexie mentale et de la boulimie

On a trop longtemps laissé supposer aux parents de personnes atteintes d’un trouble du comportement alimentaire (TCA), aux mères en particulier, que leur culpabilité, dans l’origine de la maladie, était incontestable.
Il serait temps, aujourd’hui, pour le bien de tous, et pour celui des malades en particulier, d’adopter un dialogue d’ouverture avec ces parents, déjà écrasés par le « poids » du trouble de leur enfant.

Trouble du comportement alimentaire = 3 maux :

  1. Trouble fait référence à une souffrance, une douleur et en particulier à la douleur de faire « du mal à ses parents », « de ne pas y arriver ». Ne sachant exprimer cette souffrance oralement, votre enfant va l’exprimer avec son corps.
  2. Comportement : la maladie s’inscrit dans des conduites qui dépassent largement l’alimentation. Vous savez combien il est difficile de changer nos comportements. Pensez, par exemple, au temps et à l’énergie qu’il faut pour arrêter de fumer !
  3. Alimentation : manger ne veut pas dire grossir et il faut lui expliquer qu’on doit manger selon ses besoins. Un adolescent ou un adulte sédentaire ne peut manger moins de 1700 kcal/jour. La maigreur et la rupture de l’équilibre alimentaire alimentent aussi le TCA.

Même si les parents, de par leur qualité de référents et de modèles, ont une influence évidente sur le développement de leur enfant, ils ne sont pas les seuls à "construire l’histoire" de leur descendance.

Nous savons, maintenant, que les origines d’un trouble du comportement alimentaire s’inscrivent dans un processus multifactoriel complexe. Il faut réunir un nombre certain de critères pour développer un TCA… Et, seule, l’attitude d’une mère « trop présente » ou « l’absence d’un père » ne suffirait pas à engendrer un TCA.

Ainsi, peut-on sans grand risque affirmer qu’une hypersensibilité est un facteur favorisant la formation du trouble, que les évènements difficiles et inhérents à la vie agissent pour beaucoup (deuils, séparations, maladie d’un proche…), que l’histoire de la famille élargie n’est pas sans effet, etc.

Chacun peut, s’il le souhaite, s’interroger sur son passé de jeune parent, remettre en question ses méthodes éducatives ou encore quelques convictions erronées. Une introspection est rarement négative… Mais l’urgence est là ! La maladie se renforce, les kilos s’envolent ou les crises se multiplient et c’est dans l’affolement que les parents doivent trouver les « bonnes réponses, au bon moment », éviter les « phrases qui déclenchent l’agressivité de leur fille », inventer un moyen de renouer le contact… faire face à tout ce qui caractérise au quotidien, la difficile position de parent d’une personne atteinte d’un T.C.A.

Peu ou pas de place dans ce combat pour la culpabilité ! Paralysante et puisant une énergie immense, elle ne fait que desservir la situation et chacun des membres de la famille (même ceux qui ne sont pas personnellement concernés, frères, sœurs…). La culpabilité retient dans le passé alors que c’est dans le présent et plus encore dans l’avenir que va se jouer la lutte contre la maladie.

Même si certains malades doivent ou souhaitent se passer du concours de leurs parents, il est de loin préférable que ceux-ci puissent s’impliquer efficacement dans la guérison. L’information des parents est indispensable. Les proches doivent connaître les caractéristiques du trouble en question, comprendre les fragilités des victimes d’un TCA, acquérir des outils utiles au quotidien pour déjouer la maladie ; En résumé, entrer en possession des moyens nécessaires à cette lutte sans merci qu’ils vont livrer au côté de leur enfant et cela, quel que soit son âge !

Le présent article n’a pas l’ambition d’apporter un tel étayage ; Il met cependant l’accent sur quelques notions primordiales d’aide à la personne souffrant d’anorexie mentale ou de boulimie.

2. Que dire (ou pas), que faire (ou pas) ?

Vous aurez probablement le sentiment que tout ce que vous pouvez dire ou faire ne convient pas !

  • Ne prenez pas toutes ces rebuffades au pied de la lettre. Ce n’est pas lui qui vous rejette, c’est sa maladie qui s’exprime. Sa problématique se traduit parfois dans ce paradoxe : il a tellement besoin de vous et à la fois tellement envie de s’autonomiser, de s’affranchir (encore plus si votre enfant est adulte) qu’il ne peut que vous repousser !
     
  • Ne jugez pas votre enfant : ce n’est pas de sa faute. Il ne le fait pas « exprès ». S’il dissimule, c’est aussi pour ne pas vous faire de la peine. C’est une maladie chronique et votre enfant de ne doit pas s’en sentir coupable. Il a déjà trop tendance à le faire. N’en rajoutons pas !
     
  • Ne pas confondre votre enfant et la maladie. Il est souhaitable de distinguer l’entité « maladie » de la personnalité propre de votre enfant. C’est en isolant l’« ennemi » qu’il sera mieux combattu. De plus, votre enfant a besoin de savoir qu’il « n’est pas anorexique ou boulimique » mais qu’il « souffre d’anorexie ou de boulimie ».
     
  • Continuer (ou commencer) à lui accorder votre confiance. C’est le ciment d’un premier travail thérapeutique. Votre enfant souffre probablement d’une carence de confiance en lui, imaginez les conséquences si son entourage le conforte dans cette auto dévalorisation.
     
  • Encourager votre enfant à définir ses goûts, ses aspirations personnelles, ses désirs. L’enfant doit se déterminer en tant que personnalité et non plus en tant qu’individu comblant les attentes d’autrui.
     
  • Ne lui mettez pas ou plus de pression sur ses résultats scolaires, sur ses performances sportives, sur des exigences esthétiques. Il est souvent convaincu qu’il doit, au minimum, être le meilleur, le plus beau… Vous pouvez alléger cette obligation en lui expliquant, par exemple, qu’une moyenne générale correcte à l’école suffit, qu’il n’est pas tenu d’être le premier de la classe…
     
  • Si votre enfant est encore jeune, traitez-le en enfant ou en adolescent et non en adulte. Même si votre enfant se montre particulièrement mûr pour son âge (ce qui est très souvent le cas), il ne doit pas devenir le confident de ses parents, se sentir responsable de ses frères et sœurs… Il a besoin d’être remis dans son rôle, celui d’enfant ou d’adolescent.
     
  • Enfin, vous devez vous préserver. Ces maladies sont épuisantes. Pour votre enfant, mais aussi pour vous (parents, fratrie …). Prenez du recul. Envoyer quelque temps votre enfant ailleurs (pas forcément à l’hôpital) peut vous permettre de souffler. Si les relations entre votre enfant et vous deviennent tendues, très conflictuelles ou insupportables, personne n’y gagnera !

Bien sûr, ces quelques points ne sont pas exhaustifs et méritent d’être développés. L’implication des parents sera différente en fonction de l’âge de l’enfant mais l’information parentale est toujours un atout supplémentaire.

3. Conclusion

Ne pas oublier que les parents ne sont en aucun cas « coupables » de l’état de leur enfant mais qu’ils sont en grande partie « responsables » de leur devenir et bien sûr de leur engagement sur le chemin de la guérison. Les parents peuvent aider leur enfant et doivent aussi ne pas hésiter à se faire aider eux-mêmes afin de traverser ce qui est, presque toujours, considéré comme une véritable épreuve de vie.

Publié en 2010