Mme Sophia Ducceschi - Psychothérapeute-Analyste
On a trop longtemps laissé supposer aux parents de personnes atteintes d’un trouble du comportement alimentaire (TCA), aux mères en particulier, que leur culpabilité, dans l’origine de la maladie, était incontestable.
Il serait temps, aujourd’hui, pour le bien de tous, et pour celui des malades en particulier, d’adopter un dialogue d’ouverture avec ces parents, déjà écrasés par le « poids » du trouble de leur enfant.
Trouble du comportement alimentaire = 3 maux :
Même si les parents, de par leur qualité de référents et de modèles, ont une influence évidente sur le développement de leur enfant, ils ne sont pas les seuls à "construire l’histoire" de leur descendance.
Nous savons, maintenant, que les origines d’un trouble du comportement alimentaire s’inscrivent dans un processus multifactoriel complexe. Il faut réunir un nombre certain de critères pour développer un TCA… Et, seule, l’attitude d’une mère « trop présente » ou « l’absence d’un père » ne suffirait pas à engendrer un TCA.
Ainsi, peut-on sans grand risque affirmer qu’une hypersensibilité est un facteur favorisant la formation du trouble, que les évènements difficiles et inhérents à la vie agissent pour beaucoup (deuils, séparations, maladie d’un proche…), que l’histoire de la famille élargie n’est pas sans effet, etc.
Chacun peut, s’il le souhaite, s’interroger sur son passé de jeune parent, remettre en question ses méthodes éducatives ou encore quelques convictions erronées. Une introspection est rarement négative… Mais l’urgence est là ! La maladie se renforce, les kilos s’envolent ou les crises se multiplient et c’est dans l’affolement que les parents doivent trouver les « bonnes réponses, au bon moment », éviter les « phrases qui déclenchent l’agressivité de leur fille », inventer un moyen de renouer le contact… faire face à tout ce qui caractérise au quotidien, la difficile position de parent d’une personne atteinte d’un T.C.A.
Peu ou pas de place dans ce combat pour la culpabilité ! Paralysante et puisant une énergie immense, elle ne fait que desservir la situation et chacun des membres de la famille (même ceux qui ne sont pas personnellement concernés, frères, sœurs…). La culpabilité retient dans le passé alors que c’est dans le présent et plus encore dans l’avenir que va se jouer la lutte contre la maladie.
Même si certains malades doivent ou souhaitent se passer du concours de leurs parents, il est de loin préférable que ceux-ci puissent s’impliquer efficacement dans la guérison. L’information des parents est indispensable. Les proches doivent connaître les caractéristiques du trouble en question, comprendre les fragilités des victimes d’un TCA, acquérir des outils utiles au quotidien pour déjouer la maladie ; En résumé, entrer en possession des moyens nécessaires à cette lutte sans merci qu’ils vont livrer au côté de leur enfant et cela, quel que soit son âge !
Le présent article n’a pas l’ambition d’apporter un tel étayage ; Il met cependant l’accent sur quelques notions primordiales d’aide à la personne souffrant d’anorexie mentale ou de boulimie.
Vous aurez probablement le sentiment que tout ce que vous pouvez dire ou faire ne convient pas !
Bien sûr, ces quelques points ne sont pas exhaustifs et méritent d’être développés. L’implication des parents sera différente en fonction de l’âge de l’enfant mais l’information parentale est toujours un atout supplémentaire.
Ne pas oublier que les parents ne sont en aucun cas « coupables » de l’état de leur enfant mais qu’ils sont en grande partie « responsables » de leur devenir et bien sûr de leur engagement sur le chemin de la guérison. Les parents peuvent aider leur enfant et doivent aussi ne pas hésiter à se faire aider eux-mêmes afin de traverser ce qui est, presque toujours, considéré comme une véritable épreuve de vie.
Publié en 2010