Pr D. RIGAUD - CHU Dijon
L’anorexie mentale correspond à la volonté de maigrir alors même que le poids est normal ou déjà bas. Ce besoin est en rapport avec la peur de grossir et de devenir obèse. Peur de manger et amaigrissement massif en découlent. |
La dénutrition va conduire à l’aménorrhée, à la bradycardie, à l’hypothermie, mais favorisera aussi les troubles digestifs (reflux gastro-oesophagien, ralentissement de la vidange gastrique, ballonnements abdominaux, constipation).
La peur pousse à l’hyperactivité physique, au trouble de l’image corporelle et au vomissement (par peur de regrossir) ou aux conduites obsessionnelles.
La restriction alimentaire favorise chez ces malades l’aménorrhée, les troubles digestifs (vidange gastrique ralentie, constipation), les troubles du caractère (angoisse, irritabilité), les troubles du sommeil, la sensation de puissance et les crises de compulsion alimentaire. Mais aussi le sentiment de maîtrise sans lequel l’anorexie mentale n’existe pas.
Il s’agit d’une maladie de la femme jeune en règle générale. Sa fréquence augmente : 1 à 1,5 % des femmes de 15 à 25 ans. La femme est touchée dans 95 % des cas. Elle touche actuellement toutes les classes sociales et tous les milieux.
Le diagnostic est facile : il ne requiert aucun examen complémentaire. Calculez l’indice de masse corporelle minimal (IMC = 18,5 ) ; proposez-le à la malade comme objectif ; elle est terrifiée et elle refuse : elle a une anorexie mentale !
Il est essentiel de reconnaître 2 formes cliniques :
Comment reconnaître la forme boulimique. Les malades, qui en ont honte, cachent leurs vomissements et leurs crises de boulimie. Le diagnostic est facile : gonflement des glandes salivaires (parotides en tête), bouffissure relative du visage, oedèmes plus fréquents. Biologiquement : hypokaliémie, hémoconcentration (protides et hémoglobine élevés), hypochlorémie, augmentation de la créatininémie, parfois hyponatrémie (potomanie pour vomir plus facilement).
Ces 2 formes cliniques ne partagent ni les mêmes signes ni le même pronostic. Le traitement doit en être différent.
Tableau comparatif des formes restrictive et boulimique
Signes
|
Forme restrictive
|
Forme boulimique
|
Visage et membres inférieurs oedématiés |
Peu ou pas
|
Oui
|
Hypokaliémie |
Peu ou pas
|
Oui
|
Sentiment dominant |
Toute puissance
|
Honte et dégoût
|
Etat dépressif |
Latent
|
Souvent présent
|
Sexualité |
Absente
|
Normale, perturbée ou absente
|
Hyperactivité physique |
Fréquente
|
Plus rare
|
Restriction alimentaire |
Féroce
|
Plus variable
|
Repas vrais |
Rares
|
Variables
|
Evolution |
Vers l’amaigrissement
|
Vers la prise de poids, les crises de boulimie et la boulimie à poids normal
|
Complications |
Celles de la dénutrition
|
Hypokaliémie et suicide (rare)
|
Pronostic |
Meilleur
|
Moins bon
|
Décès |
Rare : 1 % :
(si dénutrition traitée) |
Moins rare : 2 à 4 %
|
Les différentes approches, nutritionnelles, comportementales et psychanalytiques ne s’excluent pas, elles se complètent.
Quatre objectifs doivent être fixés :
Le traitement est long et difficile. La rechute n'est pas rare, mais elle permet au malade de progresser.
Attention: Dix points doivent être pris en compte, lorsqu’on prend en charge une anorexique.
Médicaments : aucun traitement médicamenteux n’est efficace contre le refus de manger. Antidépresseur et anxiolytiques peuvent aider la malade à lutter. Il vaut mieux utiliser un antidépresseur de type tricyclique, non anorexigène.
Publié en 2016