Daniel Rigaud(a), Hélène Pennacchio(b), Patricia Bussens(c), Jean-Marie Chancenotte (d)
a) Service d’endocrinologie et nutrition, CHU Le Bocage - Dijon, France
b) Association Autrement, 9, rue de Metz - Dijon, France
c et d) Jouvence Nutrition, SSR, 18, rue des Alisiers - Messigny, France
Résumé |
L’histoire, le tableau clinique, le contexte psychologique et la qualité de vie de 238 malades adultes souffrant soit d’anorexie mentale restrictive (n=75), soit d’anorexie mentale-boulimique (AMB, n=96), soit de boulimie (76 malades, B) ont été comparés, lors de leur admission. Les AMB et B avaient eu, par le passé, un IMC plus élevé et des compulsions alimentaires plus fréquentes que les AMR. Elles s’étaient mis au régime hypocalorique plus souvent que les AMR (P<0,05). Un tiers des AMB et B avaient commencé par l’AMR. Chez 3 malades sur 4, la maladie avait été précédée d’un régime hypocalorique. Un quart des AMB et des B avaient des ATCD de traumatisme sexuel (P<0,05). L’histoire familiale indiquait plus de troubles alimentaires, plus de cas d’obésité, d’anxiété et de dépression, plus de pensée d’idéal minceur, plus d’importance attachée au sport que dans la population. L’alimentation des malades était profondément altérée, et pas moins chez les B que chez les AMB ou les AMR : rarement de repas, beaucoup d’évictions… Les patients B et AMB avaient 16 + 6 crises par semaine, qui duraient 2,6 + 1,1 h/jour. L’hyperactivité physique était très fréquente (60 % des B et 70 % des AMB et AMR, NS). Elle durait en moyenne 2,7 + 0,7 h/j. Les TOC étaient fréquents (50 % des cas) et prenaient 2,4 + 0,8 h. Les automutilations touchaient un tiers des malades (44 % des B, 28 % des AMR). Le tabagisme était plus fréquent en cas de B ou AMB (40 %) qu’en cas d’AMR (18 %, P<0,01). Vis en vis du travail, 54 % des malades étaient en arrêt depuis plus de 2 mois et 18 % étaient en invalidité. L’anxiété et la dépression étaient très fréquentes : une dépression marquée (Beck > 22) touchait 27 % des malades (plus en cas d’AMB et de B que d’AMR, P<0,05) et une anxiété marquée (Hamilton > 30) touchait 52 % des malades. La qualité de vie (QV) était fortement altérée : elle était touchée dans chacune de ses 6 composantes (physique, psychique, hédonique, TCA, affective, socio-professionnelle). Chacun des 6 sous-scores était au moins 3 fois plus élevé (QV plus altérée) que celui de sujets témoins (jusqu’à 11 fois). |
Publiée en 2011