Avec la dénutrition et les carences alimentaires, s’installent l’aménorrhée et la déminéralisation osseuse. L’érosion du capital osseux atteint entre 1 et 3 % par an.
L’ostéoporose est une dégradation osseuse, faite de perte minérale et calcique et d’altération de la « trame » protéique. Ceci, pour parler d’ostéoporose, a abouti à aggraver le risque de fracture anormale. On dit « anormale » quand la fracture est illégitime : spontanée ou secondaire à une chute ou un choc minime.
Fait à noter : l’ostéoporose n’est pas en rapport avec un défaut de synthèse, mais une augmentation de la dégradation osseuse.
Il est fait d’une trame protéique, comme des mailles de filet, sur laquelle se déposent les minéraux (avant tout calcium et phosphore). Ce sont des cellules prises dans la trame, les ostéoblastes, qui fabriquent l’os. Mais d’autres cellules, juste à côté, détruisent chaque jour un peu d’os. Pourquoi ? Pour en assurer le renouvellement. Comme on enlèverait les vieilles briques d’un mur pour en mettre de nouvelles.
Normalement, que se passe-t-il ?
Normalement, chez l’adulte sain, les deux activités, l’une de construction et l’autre de destruction, s’équilibrent. Chez l’enfant en croissance, l’activité ostéoblastique (construction) est plus grande que l’autre. L’os se développe et grandit. Chez le sujet âgé, c’est le contraire : l’os se déminéralise !
Et anormalement ?
Dans certaines maladies, l’activité de dégradation est constamment supérieure à la construction. Il y a donc perte osseuse : perte minérale et perte protéique. Il s’ensuit une ostéopénie (déminéralisation sans conséquence), puis l’ostéoporose apparaît. On parle d’ostéoporose quand l’ostéopénie est telle que le risque de fracture est fortement accentué. Ceci est dû au fait que l’os devient trop friable. Si vous enlevez trop de briques à un mur, il finit par risquer de s’effondrer « pour un rien ».
Il en est de nombreuses.
Oh, que oui. Le risque est énorme :
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L’ostéoporose est la complication la plus fréquente de l’anorexie mentale.
Par exemple, à partir de l’âge de 30 ans, le risque de faire une fracture après une chute de sa hauteur est 25 fois plus grand chez une patiente anorexique que chez une femme de poids normal.
Autre exemple ? Le risque de faire un tassement vertébral, et donc à la fois de ressentir des douleurs dorsales et de voir diminuer sa taille corporelle, est onze fois plus grand en cas d’anorexie mentale chez une femme de 20-35 ans que chez une femme de 55-65 ans.
L’ostéoporose peut altérer la santé des malades boulimiques ?
Moins. Le risque d’ostéoporose est moins important. Dans la boulimie, l’ostéoporose est même rare. Elle ne survient que si le poids est un peu bas et que s’il n’y a plus de règles menstruelles.
Mais faire beaucoup de sport ou d’activité physique, ça doit protéger, non ?
Non, pas du tout. Chez les patientes anorexiques « hyperactives », l’ostéoporose vient aussi tôt et aussi souvent. Mais c’est normal, puisque l’activité physique stimule la dégradation osseuse !
Oui, mais à une seule condition : guérir complètement de son anorexie mentale. Guérir complètement, c'est-à-dire peser un poids normal, avoir des apports énergétiques normaux, avoir une richesse suffisante de l’alimentation en matières grasses (pour la vitamine D) et, par le fait de ces 3 conditions, obtenir le retour de ses règles.
Voir son médecin pour avoir une ordonnance de :
- Calcium : 500 mg par jour
- Vitamine D : 20 µg par jour
- Patch d’oestrogène « naturel » et progestatif (type 1 cp par jour du 1er au 25ème jour du mois)
- Et manger plus, et un peu plus gras, et prendre du poids.
Ce traitement médicamenteux ne permet pas de guérir de l’ostéoporose ; les malades qui le suivent ne retrouvent pas, contrairement à ce qui se passe lorsqu’ils récupèrent leur poids minimum normal, une densité osseuse normale.
Mais le traitement a deux effets :
Et la pilule ?
La pilule anticonceptionnelle (la pilule dans le langage courant) ne protège pas ou très peu du risque d’ostéoporose. Dans une statistique portant sur plus de 200 malades, celles qui prenaient la pilule anticonceptionnelle avaient autant de risque de développer une ostéoporose que celles qui ne prenaient aucun traitement.
Publié en 2009