« Tu as tout pour être heureuse », « Arrête de gâcher ta vie », « Cesse d’entretenir les problèmes », « Arrête d’accumuler les déceptions », « Ne vois que les bons côtés des choses, des gens, des événements », « Fais comme si ». Mais comme si quoi ? Non je ne peux pas, non je ne veux plus, non je ne peux plus.
On sait où cela conduit… au fond d’un gouffre de solitude, d’isolement, quitte à m’isoler définitivement, à tourner le dos à la vie… Non je ne veux pas changer le monde, changer les gens, changer mes proches même distants… C’est à moi de changer. Apprendre des nouveaux mots : ressentir, communiquer… Modifier mes comportements : ne plus faire semblant ni m’enfuir ou m’isoler…
Dépression, endométriose, anorexie… ou comment communiquer sur son mal être. Faute de mots, les maux se sont mis successivement à apparaître. Mon corps a parlé. Mon corps a dérangé. Maladies silencieuses, honteuses ou encore pures inventions de ma part, j’ai dévié de la ligne droite sur laquelle on me prédestinait à marcher au départ.
Entre atroces souffrances physiques et terribles errances psychiques, j’ai vacillé pendant trop d’années, complètement isolée. Indemne, je crois que jamais je n’en sortirai. Tout ce qui ne tue pas rendrait plus fort ?
Vers moi, de nouvelles mains se sont tendues.. Ecoute, chaleur, douceur... un monde nouveau m’est apparu. J’ai commencé à libérer la tristesse pendant si longtemps accumulée. A évacuer les douleurs depuis si longtemps ancrées. Au creux d’une épaule, j’ai même trouvé le droit de et l’endroit pour pleurer... Au fond de moi, c’est cette petite fille qui déverse son trop plein de larmes. Douleurs, tristesses, solitudes sont trop de souffrances pour une seule et même âme.
Les traumatismes subis résonnent toujours et encore, alors que des années se sont écoulées depuis lors. Aujourd’hui l’équilibre est fragile. Tant bien que mal je poursuis mes efforts pour m’éloigner de ce qui résonne encore, pour panser mes plaies qui ne parviennent pas à cicatriser. J’ai peur de la suite car peur de souffrir. Peur que mon corps ne me lâche encore et vienne à me trahir. Souffrir une fois de plus suffirait à me faire fuir. Mais je ne cesse de m’accrocher car nombreux sont ceux qui me font croire en l’avenir.
Texte écrit par Delphine
Publié en 2010