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Promesses carnivores

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L’aurore tissait lentement son manteau de couleur,
Princesse, tristement, lissait ses poils de douceur.
Elle regardait au loin. Elle ne voyait rien.
Elle avait froid, et mal,
et les deux à la fois.
Elle appela.
Du fond de l’horizon,
Elle vint : elle avait nom « Lanor ».
Elle vint et s’assit, tout au bord.

Je t’attends depuis si longtemps, dit Princesse.
Et pour la première fois, la jeune fille regarda Lanor.
SA LANOR : ne l’avait-elle pas appelée ?
Dans le scintillement de l’aurore,
Fatiguée paraissait Lanor,
Et maigre, et vieille, sommairement assise
au bord d’une jeune fille passive.
Celle-ci se sentit fondre.
Une larme troua sa nuit.
« Lanor fidèle, tu m’aimes ? ».
J’ai faim, dit Lanor.
« Ça se voit, tu es si maigre :
Mange », dit la Princesse, en prêtant son flanc.
Il était si gras, et Lanor en mangea.
Tu me fais si mal, dit la Princesse à la peau si douce.
Je sais, jeune fille, c’est parce que je t’aime.
Lanor se lécha les babines et d’un bond disparut.
Tout le jour, la jeune fille pleura.
Sur le soir, dans un rougeoiement de crépuscule,
Lanor revint, minuscule.
Comme tu viens tard, dit Princesse, un peu triste.
Je tarde à venir, je sais, mais je suis si frêle !
Et Princesse prêtait son flanc.
Que faut-il pour venir plus vite, que je t’aime ?
« Ton flanc » dit Lanor…très vite.
Tiens, mange et me quitte.
Je ne suis jamais très loin, dit Lanor.

Deux jours passèrent, et Princesse était en colère.
Lanor surgit hors de l’ombre
d’un saule.
Elle avait mille poils de plus.
Lanor dit à Princesse, très fière :
« Tu as vu, tu me réussis ».
Les semaines passaient.

Lanor mangeait du flanc et de plus en plus vite accourait.
Du fond de la mémoire, elle venait ;
Du clair de la joie, elle bondissait ;
Toujours vainqueur, du combat elle sortait.
Et Princesse donnait son flanc.
Et plus lisse, plus gras il repoussait.
De mémoire de Princesse, on n’avait jamais vu ça.
N’y tenant plus, un jour, Princesse murmure :
Lanor, MA LANOR, reste avec moi.
Je file, je vole, je ne sais plus rien du sol, répondit Lanor
« Tu m’écoutes à la fin » dit Princesse blessée.
Dans l’espace de toi, je promène ma faim, dit l’animal égoïste.
Tu es bien cruelle, mais je t’aime, dit Princesse.
J’en conviens, dit Lanor.

Un matin, Lanor ne partit pas.
Le soir, elle était encore là.
Lanor grossissait, et la Princesse souriait.
De douleur, car Lanor la mangeait.
Que je t’aime, que tu me fais mal !
C’est pareil, dit Lanor
Et ça ne m’amuse pas, sache le !

Pourquoi le faire alors, ma Lanor ?
Mais je ne le fais pas, c’est dans la nature des choses.
Douce Lanor, dis moi :
Que te faut-il pour sauter cette colline ?
Ton flanc, dit Lanor.
Mange et saute, c’est beau quand tu sautes.
Et Lanor mangea, puis sauta.
Et Princesse de rire éclata… Enfin.
LANOR, je t’aime.
Moi aussi, dit Lanor. Si tu savais !
Si je savais quoi ?
Que notre amour te fait maigrir.
Je ne sais rien de l’amour, dit Princesse.
Et elle était si triste.
Tu veux mon flanc, dit-elle ? et elle se demanda pourquoi
Elle faisait ça !
L’été vint, et avec lui un flamboiement de saveurs.
Lanor était grosse et grasse.
Princesse était maigre, car elle mangeait à peine.
Son flanc blessé lui faisait mal.

« Tu es maigre, je suis gros,
Je peux te porter sur mon dos »,
dit Lanor.

Oui, MA LANOR, dit Princesse.
Si longtemps que j’attends !
Et Lanor vola Princesse,
Tout simplement.

Auteur inconnu