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J'aurais décidé de guérir de l'anorexie


1. J'aurais décidé de guérir de l'anorexie mentale

ça ne fait pas la une des journaux-heureusement !!

Alors je vous l’apprends ici…hé oui, il paraît que j’aurais décidé de guérir, de me battre contre cette saleté de maladie…je ne sais pas quoi en penser…je suis quand même sensée être la première concernée…je ne me sens pas différente…ce qui est peut-être normal puisque je ne me sens pas…point final…alors comment on reconnaît qu’on aurait décidé de s’en sortir ?!je l’ignore…tiens j’aurais du poser la question à mon médecin puisque c’est lui qui m’a annoncé cette bonne nouvelle…mais comme il semblait dans un bon jour et que je n’ai pas voulu le contrarier, j’ai acquiescé…remarquez, ça ferait un bon titre pour un livre : le jour où j’ai décidé de guérir ça changerait de ce fameux livre : le jour où j’ai décidé d’arrêter de manger (mon combat contre l’anorexie…)…bon je ne peux rien en dire de ce livre car j’ai décidé de ne pas le lire…rien que le titre me choque…comme si l’anorexie se résumait à la décision un jour d’arrêter de manger, une décision que l’on prend comme ça comme n’importe quelle autre décision…non je ne crois pas que l’on puisse parler d’anorexie ainsi…l’anorexie nous tombe plutôt dessus sans qu’on sache vraiment pourquoi…et l’on met un certain temps avant de se rendre compte qu’elle s’est invitée dans notre vie…on ne décide pas consciemment, volontairement de devenir anorexique…ou alors on s’inscrit dans ce fameux mouvement pro-ana…et dans ce cas, je ne pense pas qu’on puisse parler d’anorexie mentale, de pathologie anorexique…il y a sans doute quelque chose de pathologique pour en arriver mais qui n’a sans doute aucune commune mesure avec l’anorexie mentale…enfin je ne vais pas débattre sur ce sujet…on ne le fait que trop et alimente ainsi l’attrait et la curiosité pour ce genre de comportement…

Alors revenons-en à cette décision de guérir…comment dire ?!…je ne ressens pas vraiment ça au fond de moi…oui je veux guérir mais avant tout j’ai peur de guérir, j’ai peur de quitter ce monde si prévisible, si illusoirement source de sécurité pour l’inconnu…le terrible inconnu avec ses imprévus, avec ses rencontres, avec ses individus étranges qui prennent plaisir à manger, qui ne considèrent pas la privation alimentaire comme l’atteinte d’un idéal de perfection…, ce monde où les gens vivent tout simplement sans trop se poser de question et surtout sans trop se préoccuper de ces valeurs que sont les calories, les kilos, et de ces notions de lipides, glucides, protides…ces individus étranges qui ne vivent pas accrocher à leur balance, baromètre de leur moral quotidien…ces gens qui vivent…point final…oui j’aimerais rejoindre ce monde…mais la peur et le sentiment qu’il y un gouffre immense entre le mien et le leur me tétanise au point de rester inerte car on ne sait jamais je risquerais de basculer dans cet autre monde…et peut-être même m’y sentir bien, et vouloir y rester…oh la la…quelle horreur…quel malheur…quel désastre…quel cataclysme…ça serait la fin du monde…la fin de mon monde… !!!!…ah la la…non, non ne riez pas, je vous vois…je ne plaisante pas ce serait vraiment une catastrophe nationale, mondiale même si je quittais mon monde…et pourtant…et pourtant…je crois que ce vilain défaut qu’est la curiosité me donne de plus envie d’aller voir ce qu’il se passe dans cet autre monde…peu à peu j’ai le sentiment que le fossé s’atténue et que ce monde n’est sans doute pas si terrible qu’il en a l’air…peut être même au contraire…il serait attirant…oh la…la…que m’arrive-t-il ? je perds les pédales ou quoi ? Serais-je en train de perdre -malgré moi- mon unique leitmotiv, serais-je en train de m’éloigner -malgré moi- de l’unique but de ma vie…si j’ai décidé de guérir et me battre, ça ne fait aucun doute…c’est bien de ça dont il s’agit…mais c’est vrai que pour le moment, il n’y a pas de signes flagrants reflétant cette décision ou alors est-ce moi qui ne les vois pas…allez on va dire que c’est ça, je ne suis sans doute pas en mesure de les voir encore…sans doute me faut-il un peu de recul pour y parvenir…malgré tout surgissent en moi quelques idées, envies farfelues sans aucun doute…à l’image de cette idée qu’un jour j’aimerais avoir envie de prendre du poids…même si pour l’instant la peur reste la plus forte, peut être que cette dernière est en train d’être titillée par cette envie… ce serait peut-être quand même mieux si je ne vivais plus avec cette peur maladive, cette angoisse obsédante de prendre du poids, ce serait peut-être quand même plus facile de vivre sans l’obsession des chiffres et le contenu d’une assiette, ça serait peut-être quand même plus valorisant d’avoir enfin une véritable identité qui m’appartienne et qui ne soit plus ou maternelle ou celle anorexique (je ne sais laquelle est la pire au passage…), ce serait peut-être pas si terrorisant que ça de m’autoriser à prendre une place, oserais-je dire ma place dans ce monde…allez j’ose le dire…c’est peut-être comme ça que se manifeste cette décision…par d’infimes changements, par de minuscules moments de lucidité, par quelques moments d’idées et envies farfelues mais peut-être pas tant que ça…alors peut-être que oui j’aurais enfin décider de me battre malgré les moments toujours trop présents de doutes, d’angoisses, de peurs, de retranchement, d’isolement autistique…malgré cette terreur obèse -comme dirait un certain professeur… !- de perdre une place…mais terreur qui maigrit de jour en jour à l’idée que je puisse prendre une toute autre place…que moi petite chose, j’en serais capable et j’en aurais peut-être honteusement envie…ça serait peut-être quand même bien…et il serait peut-être quand même temps de donner une vie à cette petite fille au regard si triste et si noir de la photo…

Raphaèle
ou
Raphaelle ?

raphaele1.jpg et la sortir de l’impasse où elle semble s’être enfoncée depuis bien trop longtemps en lui donnant cette seconde aile, "L" qui lui manque pour prendre son envol…au lieu de continuer à la maltraiter comme d’autres ont pu le faire plus ou moins consciemment, plus ou moins volontairement depuis tant de temps…peut-être serait-il temps aujourd’hui de rompre la chaîne de la répétition transgénérationnelle…peut-être serait-il même urgent et vital pour cette petite fille de sortir de la photo et venir prendre sa place, s’autoriser à prendre sa place malgré le sentiment qu’on lui a très tôt interdit de le faire, en lui assignant de se taire, oser affronter l’interdit, au lieu de s’affronter à des limites stériles et illusoires…oser affronter les vieux démons et leur faire la peau pour qu’ils perdent leur emprise…qu’ils cessent d’étouffer et écraser la petite fille de la photo oui il serait urgent que cette petite fille qui s’est tue…qui s’est tuée depuis tant d’années s’exprime et renaisse enfin…pour qu’enfin elle puisse trouver le sourire…et dont le regard pourrait enfin s’emplir de vie et de joie…

Oui je crois qu’il est urgent et vital que tout ce qu’elle a en elle puisse enfin s’unifier pour donner naissance à une identité propre…un peu comme si une tempête violente allait s’abattre, il faudrait un toit solide pour s’abriter ce qui nécessiterait que les portes, les briques, le ciment, et autres se construisent, se transforment enfin en une maison solide avec des fondations si solides qu’elles résisteraient à toutes les intempéries et ravages extérieurs…oui il serait temps…oui il serait vital…oui j’ai envie de donner vie à cette petite fille malgré la panique du vide, l’angoisse de s’affronter à ses terribles et obèses peurs, l’angoisse de ne pas savoir comment s’y prendre, l’angoisse de décevoir on-ne-sait-qui…oui il est temps que cette petite fille cesse de se trahir en répétant inlassablement les dégâts causées par les années passées, par ces fantômes terrifiants du passé, par ses êtres réels ou imaginaires si destructeurs…oui il est temps et urgent pour cette petite fille de naître et vivre…et de devenir elle, de devenir moi…

Ecrit par Raphaèle

Le 19 octobre 2008

raphaele.jpg

extrait de mon blog http://raphaele88.canalblog.com/