Si de nombreux ouvrages et diverses recommandations ont été publiés sur l’alimentation et la nutrition du sportif, les éléments sur : « le sport, la nutrition et les déviances alimentaires » modifient l’approche avec cette troisième donnée. Certes, les sportifs n’ont pas toujours un équilibre alimentaire en rapport avec leurs besoins, particulièrement en dehors de période de compétition.
Il n’est donc pas inutile de rappeler que l’équilibre nutritionnel au quotidien repose sur la VARIÉTÉ, la MODÉRATION, le respect d’un RYTHME alimentaire de 3 repas, avec une HYDRATATION suffisante à base d’eau.
Selon le type d’activité, la fréquence et la durée, les apports vont varier à la hausse en période préparatoire de l’exercice, avec un apport en glucides complexes plus important environ 3 heures avant la période d'activité sportive. Si l’activité dure, il faudra prévoir une hydratation régulière avec éventuellement une solution un peu sucrée si l’effort est très long. Mais tout ceci concerne le sportif qui ne présente aucun problème particulier.
Dans le cadre de ce colloque, les Troubles du Comportement Alimentaire occupant la première place, il importe de distinguer différentes situations.
De l’anorexique hyperactive à l’obèse sédentaire et économe de ses mouvements, il y a des recommandations totalement contradictoires poussant les unes à moins bouger et les autres plus. Sans compter toutes ces personnes qui font du sport dans l’espoir de maigrir et qui souvent mangent plus après l’effort, bien au-delà de l’énergie dépensée. Si le sport ne fait pas maigrir, il est néanmoins recommandé de bouger pour mobiliser la masse maigre qui est l’élément fondamental dans la dépense énergétique.
On peut dès lors inverser la question en se demandant :
Si le sport a une première vertu, c’est de procurer après l’exercice un certain bien-être physique et même psychique. Se sentir bien dans son corps, certes semble une évidence pour tous ceux qui n’ont pas de problème, mais les patients que nous voyons, de l’anorexie à l’obésité, en passant par tous ces mal-être de surpoids ou de troubles de l’image corporelle, n’ont guère ce sentiment de bien être corporel. Réapprivoiser leur corps, tel qu’il est, tel qu’ils ne l’aiment pas, voilà déjà le préambule à toute démarche thérapeutique.
En effet, le corps existe, il faut arriver à s’en occuper, à s’accepter, et finir par s’aimer.
Si la demande des patients, en allant voir un nutritionniste, est une demande précise de conseils nutritionnels pour résoudre leur problème, l’accompagnement de ce patient doit permettre d’arriver progressivement à la perception de cette image corporelle.
Pour aider certains de nos patients, très en conflit avec leur corps, la verbalisation souvent difficile pourra être aidée par des massages très simples, mais très professionnels, (exécutés par un kinésithérapeute formé à cette approche) afin d’accepter de façon passive la perception de leur propre corps. Relaxation, Yoga, Sophrologie sont aussi des techniques corporelles qui permettent une détente et une vision plus sereine de la vie au quotidien et de la problématique en jeu.
Alors, seulement lorsque le corps existe, on pourra envisager une approche plus dynamique. Mais si le sport est peu pratiqué chez les gens « gros », c’est parce qu’ils n’aiment pas ça, et mobiliser une charge conséquente n’est pas sans effort supplémentaire. Si l’on demandait à un sportif en pleine forme et mince de surcroît d’effectuer le même effort en se chargeant de 10 ou 20 kg supplémentaires, répartis dans ses vêtements, cet effort lui semblerait sans nul doute bien plus difficile (l’image peut d’ailleurs être utilisée à l’inverse lorsque le patient a maigri, le féliciter sur tous ces kilos perdus, le bien être ressenti, l’effort économisé...).
Le regard sur soi va aussi dépendre du regard des autres. On voit combien l’environnement peut aider ou à l’inverse, culpabiliser une personne. Dans le monde d’aujourd’hui, envahi par des images idéalisées, sublimées, inaccessibles, la réalité de chacun est parfois lourde à accepter. Mais le plus difficile est souvent lié à des éléments très proches, l’environnement familial joue un rôle capital dans la genèse des troubles du comportement alimentaire.
La complexité de trouver un équilibre entre activité physique et comportement alimentaire revêt une dimension particulière dans le cadre de ces TCA. L’activité physique servant souvent de mesure de contrôle de poids corporel.
De très nombreuses questions se posent au cabinet tous les jours, entre la difficulté de changer les habitudes alimentaires et d’arriver à accroître son activité physique. Il y a une hiérarchie dans les problèmes, car on ne peut pas tout demander à un patient, alors que c¹est lui qui nous demande de l’aider !
Tout cela est complexe, et se mettra en place au fil du temps, selon de nombreux facteurs :
L’histoire de chacun, l’environnement familial, la motivation personnelle, les facteurs socio-économiques, les contraintes de temps, l’état de santé physique et psychique et le poids...
Tout cela demande une très grande patience. Sans oublier le respect du choix de vie du patient, qui parfois malgré tous nos efforts va à l’encontre de sa santé. Nous devons proposer, imaginer, aider, faire des compromis, accompagner... sans optimisme aveugle ni fatalisme !
Publié en 2004