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Consommation de lait et de produits laitiers et poids corporel


Pr Daniel RIGAUD - CHU Dijon

1. Lait, produits laitiers et surpoids ou obésité

Un certain nombre de publications scientifiques (voir réf. 1) ont tenté d’établir un lien entre consommation de lait et de produits laitiers et risque de développer un surpoids (IMC entre 25 et 30 kg/m2) ou une obésité (IMC > 30 kg/m2).

Ces études faisaient suite à d’autres qui avaient suggéré que consommation de lait et de produits laitiers diminuait le risque de maladies cardio-vasculaires dégénératives (infarctus en tête). D’autres publications scientifiques ont clairement mis en évidence le rôle préventif du lait et des produits laitiers dans l’émergence d’un diabète chez les personnes à risque (2).

Globalement, il existe une diminution du risque de développer un diabète dans les 5-10 ans qui suivent chez les personnes qui consommaient lait et produits laitiers, par rapport à celles qui n’en prenaient pas.

Fin 2013, dix-sept études avaient été répertoriées (2). Il s’agissait dans tous les cas d’études prospectives de cohortes faites chez des personnes à risque de diabète (antécédents familiaux, diabète gestationnel, intolérance au glucose, syndrome métabolique). Dans le détail, le risque relatif de développer un diabète chez les personnes d’un groupe donné par rapport aux personnes ne consommant pas de lait et produits laitiers a été estimé à :

  • 7 % pour une consommation de lait et produits laitiers de 400 g (ou ml) par jour,
  • 9% pour une consommation de lait et produits laitiers de 200 g (ou ml) par jour,
  • 8 % pour une consommation de fromages de 50 g (ou ml) par jour,
  • 12 % pour une consommation de yaourts de 200 g (ml) par jour.

Toutes ces diminutions du risque de diabète étaient significatives à P<0,01.

D’un point de vue physiopathologique, on sait que le calcium et certains peptides du lait augmentent la sensibilité à l’insuline et aident à lutter contre la résistance à l’insuline, résistance parfois observée chez les personnes qui prennent du poids facilement, qui développent un syndrome métabolique, et constamment notée bien sûr chez les personnes ayant une intolérance au glucose et un diabète non-insulinodépendant.

On sait par ailleurs que les protéines du petit lait (lactalbumine notamment) et le calcium réduisent la sensation de faim, accroissent le rassasiement et diminuent la prise alimentaire, par rapport à d’autres protéines, en particulier d’origine végétale. Il n’est pas prouvé en revanche que les protéines du petit lait fassent mieux que les protéines des viandes ou des poissons. Cette augmentation de la vitesse du rassasiement semble en rapport, au moins en partie, avec l’action du lait et des produits laitiers sur la sécrétion d’insuline (qu’ils augmentent) ou sur les hormones digestives. L’obtention plus rapide de la satiété explique en grande partie la diminution de la prise alimentaire. Parmi les hormones et peptides digestifs impliqués, citons l’augmentation de la concentration de cholécystokinine et de GLP-1 (glucagon-like peptide) et la diminution de la ghréline.

Il était donc logique de penser que la consommation de lait et de produits laitiers pourrait aider à lutter contre le surpoids, l’obésité et le diabète de type 2 (diabète non-insulinodépendant).

Un certain nombre d’études ont suggéré, dans les années 2003-2004, que le calcium et les produits laitiers avaient une action sur le métabolisme énergétique et par voie de conséquence sur le poids corporel, en particulier chez les personnes en surpoids ou obèses (3-5).

Récemment, une étude prospective a été effectuée chez 100 femmes en « pré-ménopause » qui souffraient d’un surpoids ou d’une obésité (6). Ces 100 femmes ont été tirées au sort pour recevoir soit un régime hypocalorique seul soit ce régime et 500-600 mg calcium en comprimés, soit ce régime et des suppléments lactés pour atteindre une même augmentation (+500-600 mg calcium), soit ce régime et un supplément de « lait » de soja renforcé en calcium avec les mêmes objectifs. Cette étude a montré que les apports en énergie, glucides, lipides et protéines étaient les mêmes dans les 4 groupes. En revanche, dans le groupe « régime + produits laitiers », la perte de poids, la perte de masse grasse et la baisse de la circonférence abdominale étaient plus élevées que dans les autres groupes « renforcement en calcium », eux-mêmes ayant une diminution de poids et de circonférence abdominale plus grande que celle du groupe contrôle.

2. Bibliographie ylivre07.gif

1. Pereira PC. Milk nutritional composition and its role in human health. Nutrition 2014 ; 30 : 619-627.
2. Aune D et al. Dairy products and the risk of type 2 diabetes : a systematic review and dose-response meta-analysis of cohort studies. Am J Clin Nutr 2013 : 98 : 1066-1083.
3. Teegarden D. Calcium intake and reduction in body weight or fat mass. J Nutr 2003 ; 133 : 249 S – 251 S.
4. Parikh SJ et al. Calcium intake and adiposity. Am J Clin Nutr 2003 ; 77 : 281-287.
5. Zemel MB et al. Calcium and dairy products in acceleration of weight and fat loss during energy restriction in obese adults. Obes Research 2004 ; 12 : 582-590.
6. Faghih SH et al. Comparison of the effect of cow’s milk, soy milk and calcium on weight and fat loss in premenopausal overweight and obese women.

Publié en 2014