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Diabète de type 2 et activité physique


Pr Daniel RIGAUD - Président

La France voit augmenter significativement les troubles du comportement alimentaire (anorexie mentale, boulimie), l’obésité, la sédentarité et le diabète de type 2, alors que, dans le même temps, diminue l’activité physique quotidienne.

1. Que pouvons-nous y faire ?

L’augmentation des cas de diabète de type 2 est indiscutable : entre 2000 et 2005, l’assurance maladie a noté une augmentation de 5 % par an en France.

Il est évident aussi que c’est l’augmentation de l’obésité, chez des personnes à risque, qui est en cause. Le diabète de type 2 est en effet en rapport avec une inefficacité de l’insuline, par une résistance à l’insuline au niveau de ses cibles cellulaires. Or cette résistance à l’insuline est observée avant tout en cas d’obésité abdomino-tronculaire (obésité androïde).

Par ailleurs, les troubles du comportement alimentaire augmentent eux aussi significativement en France : plus d’offre alimentaire, moins d’efforts à faire pour l’acquérir, plus de stress et d’incertitude, plus de compulsions alimentaires, de boulimie et d’anorexie mentale.

Une question se pose donc : peut-on s’opposer à l’augmentation du diabète de type 2 en France ? En d’autres termes, peut-on s’opposer à la croissance de l’obésité abdomino-tronculaire ? Peu de médecins savent au fond quoi faire et chez qui le faire. Les médias, sans réflexion, saisissent le problème et affichent dans des publicités pour aliments sucrés ou sucré-gras le bandeau « mangerbouger.fr ».

2. Mais que savons-nous ?

2.1. Les études rétrospectives

Un certain nombre d’études pointent la relation entre diabète de type 2 et sédentarité (1,2). Une des plus connue est l’étude dite des infirmières états-uniennes (69.000 femmes adultes de 35 à 60 ans suivies pendant 16 ans aux USA). Au début de l’étude, aucune n’avait de diabète. Dans cette population, la survenue d’un diabète de type 2 était accrue par l’augmentation de l’indice de masse corporelle (IMC), l’augmentation de la circonférence de taille (signe d’obésité androïde) et la diminution de l’activité physique en analyse multivariée. Pour illustrer ce risque, on peut dire que dans cette étude menée aux USA, si l’on compare les groupes à un groupe d’IMC normal (19-25 kg/(m)2), on voit que le risque relatif (RR) augmente avec l’obésité et la baisse de l’activité physique : 

Etat

RR

IMC normal et activité physique régulière

1,0

IMC normal et réduction de l’activité physique

2,1

Obésité et activité physique régulière

10,7

Obésité et réduction de l’activité physique

16,8

Dans cette étude, on avait défini l’activité physique normale comme étant une activité physique supérieure ou égale à 6 h de marche par semaine.

Des études antérieures avaient montré par ailleurs que la pratique d’une activité physique régulière était protectrice de l’apparition d’un diabète de type 2 d’une part, et d’un IMC trop élevé d’autre part (1,2,3).
Pour autant, rien ne permettait de dire qu’il y avait un lien de cause à effet. De fait, on peut imaginer que des personnes aient des gènes de susceptibilité à l’inactivité physique et que ces gènes par ailleurs conduisent à une diminution de la dépense énergétique et à une résistance à l’insuline et donc à l’obésité et au diabète de type 2.

Pourtant, parmi ces études, une est particulièrement frappante, car elle suggère fortement que le lien entre « mode de vie sédentaire » et obésité et diabète de type 2 est plus environnementale que génétique. C’est celle des indiens Pima (8). Ils vivent soit au sud des USA (Arizona), soit au Mexique. En Arizona, ils sont sédentaires et au Mexique non. Or la prévalence du diabète de type 2 est de 7 % chez les indiens Pima du Mexique et de 37,4 %, soit 5 fois plus grande, chez les indiens Pima vivant aux USA. Comme ils partagent les mêmes gènes et que la seule différence notée est la sédentarité des uns (USA) par rapporta aux autres (qui doivent se battre pour trouver à manger, vivant en plein désert).

2.2. Les études prospectives

Sept études ont pointé la relation entre diabète de type 2 et sédentarité (4,5,6,7,9,10). Toutes ces études ont concerné uniquement des personnes « à risque » de diabète de type 2. Une des premières est une étude scandinave qui a inclus 522 personnes en surpoids (IMC entre 25 et 30 kg/(m)2).

Les auteurs ont divisé les patients en deux groupes : un groupe « activité physique » et un groupe « contrôle » et les ont suivis 4 ans. Les auteurs ont en fait donné un modèle diététique équilibré iso-énergétique dans le but de diminuer de l’ordre de 5 % le poids et 30 min/jour d’activité physique selon un modèle expliqué.

Après 4 ans, 11 % des patients (29 malades) du groupe « exercice + diét » étaient diabétiques contre 23 % dans le groupe « contrôle » (n = 60). Des résultats de même ordre ont été notés par les autres équipes. Si l’on veut schématiser les résultats de ces 7 études, on peut résumer les faits de la façon suivante :

Nombre de personnes inclus

100 à 3224

Type de personnes inclus

Intolérance au glucose *

IMC

25 à 31

Durée de l’étude

6 mois à 6 ans

Type d’activité physique

Endurance

Incidence du diabète dans le groupe contrôle

7 à 67 %

Incidence du diabète dans le groupe « exercice + diét »

7 à 46 %

Etudes où existe une différence entre les groupes

5 des 7 études

* définie par une HGPO

Parmi ces études, une étude chinoise est intéressante (7), puisqu’elle a étudié séparément les effets de l’activité physique et de la diététique.

Il y eut en effet 4 groupes suivis 6 ans : un groupe contrôle, un groupe « diététique seule », un groupe « exercice seul » et un groupe « diététique + exercice ». Dans les trois groupes d’intervention, on a observé une diminution du risque de développer un diabète de type 2 :–31 % (diététique), -36 % (diét+exercice) et –46 % (exercice). La différence entre les groupes n’était pas significative. Dans l’étude scandinave rapportée ci-dessus, une analyse rétrospective a montré que les effets de l’activité physique régulière (2,5 heures de marche par semaine) diminuait le risque de développer un diabète de type 2 de 63 %.

Une étude portant sur une période « active » de 4 ans et un suivi au delà de 3 ans a montré que les effets persistaient au moins 3 ans : il y eut 7,4 % de diabète de type 2 dans le groupe contrôle et 4,3 % dans le groupe « exercice+diététique » (30 min/jour d’activité physique).

Lorsqu’on analyse les résultats avec rigueur, on peut observer un net effet de l’activité physique dans la prévention du diabète de type 2, ainsi que l’a suggéré une méta-analyse (11). Cet effet est en fait un effet couplé à celui d’une prise en charge de l’hygiène alimentaire. Ces études ont leurs limites : l’activité physique « prescrite » diffère d’une étude à l’autre ; on ignore à quel point des patients l’ont suivie. Il est possible, voire probable que ceux qui ont participé à ces études ne sont pas des « obèses tout venants ». Il est possible que l’activité physique ait réduit, d’une manière neurobiologique ou factuelle, le temps passé à grignoter ou les compulsions alimentaires.

3. Conclusion

L’augmentation de l’activité physique quotidienne à plus de 30 min de marche ou équivalent marche par jour est susceptible de diminuer le risque de diabète de type 2 chez des personnes à risque de diabète (personnes en surpoids ayant une résistance à l’insuline). Cette diminution est de l’ordre de 20 à 30 % et peut se voir dès la 3ème année de pratique.
Ceci ne veut pas dire que l’activité physique permet la réduction du risque de diabète de type 2 pour l’ensemble de la population, ni qu’elle réduit le risque de diabète de type 1.

4. Bibliographie

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1

Hu FB, Li TY, Colditz GA et al. Television watching and other sedentary behaviors and risk of obesity and type 2 diabetes in women. JAMA 2003 ; 289 : 1785-1791.

2

Knowler WC, Barrett Connor E, Fowler SE et al. Reduction in the incidence of type 2 diabetes with lifestyle intervention or metformin. N Engl J Med 2002;346 : 393-403.

3

Laaksonnen DE, Lindström J, Laaka TA. Physical activity in the prevention of type 2 diabetes: the Finish diabetes prevention study. Diabetes 2005 ; 54 : 158-165.

4

Lindström J, Illana-Parikka P, Peltonen M et al. Reduction in the incidence of type 2 diabetes by lifestyle intervention: the Finish diabetes prevention study. Lcet 2006 ; 368 : 1673-1679.

5

Msink M, Feskens EJ, Saris et al. Study on lifestyle intervention and impaired glucose tolerance Maastricht (SLIM): preliminary results after one year. Int J Obes Relat Metab Disord 2003 ; 27 : 377-384.

6

Oldrayd JC, Unwin C, White M et al. Randomised controlled trial evaluating the effectiveness of behavioural intervention in men and women with impaired glucose tolerance: outcomes at 6 months. Diabetes Res Clin Pract 2001 ; 52 : 29-43. 

7

Pan XR, LI GW, Hu YH et al. Effects of diet and exercise in preventing of type 2 diabetes in people with impaired glucose tolerance: the Da Quing IGT and diabetes study. Diabetes Care 1997 ; 20 : 537-544.

8

Schulz LO, Bennett PH, Ravussin E et al. Effects of traditional and western environments on prevalence of type 2 diabetes in Pima Indians in Mexico and the US. Diabetes Care 2006 ; 29 : 1866-1871.

9

Tuomilehto J, Lindström J, Eriksson  JG et al. Prevention of type 2 diabetes by changes in lifestyle among subjects with impaired glucose tolerance. N Engl J Med 2001 ; 344 : 1343-1350 

10 

Wein P, Beischer N, Harris C et al. A trial of simple versus intensified dietary modification for prevention of progression to diabetes in women with impaired glucose tolerance. Aust N-Z J Obstet Gynaecol 1999 ; 39 : 162-166.

11 

Yamaoka K, Tango T. Efficacy of lifestyle education to prevent type 2 diabetes. A meta-analysis of randomised controlled trials. Diabetes Care 2005; 28 : 2780-2786.