Pr D. RIGAUD, CHU Le Bocage - Dijon
Les sports sont des activités physiques programmées à des fins de compétition et pratiquées dans des lieux prévus à cet effet.
Comme toute activité physique, le sport conduit à une dépense énergétique, dont le niveau (le degré) est fonction de l’intensité de l’activité physique requise.
Donc, en première analyse, la dépense calorique (énergétique) liée à un sport donné est fonction de trois facteurs:
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On peut donc en conclure que chez l’adulte jeune et en bonne santé, dont l’alimentation est conforme aux besoins, le sport fait grossir !! Tout dépend de quoi on parle. Il s’agit en effet de l’augmentation du poids sur une balance et non pas d’une silhouette dans le miroir.
Trois conditions s’opposent à l’augmentation de la masse musculaire dans l’espèce humaine :
La croissance : un enfant et un jeune adolescent ne peuvent pas, à activité musculaire identique, augmenter autant qu’un adulte leur masse musculaire (on ne voit pas d’adolescents « body-buildés »).
Le sexe : à activité physique identique, la femme développe moins sa masse musculaire que l’homme. Le mécanisme dépend des hormones sexuelles : la testostérone chez l’homme favorise le développement de sa masse musculaire.
L’alimentation : pour un niveau d’activité physique donné, un humain ne peut augmenter ses masses musculaires que pour autant qu’il mange au niveau des besoins nutritionnels des dites masses musculaires. Si, quelle qu’en soit la raison (anorexie mentale, boulimie, état dépressif, pauvreté) le sujet ne mange pas « à sa faim » (c’est-à-dire selon ses besoins), l’activité physique le fait maigrir.
Une activité physique soutenue (comme dans le sport) entraîne deux sortes de conséquences :
De nombreuses études ont comparé l’évolution du poids de personnes obèses soumises soit à un régime hypocalorique seul, soit au même régime mais associé à un programme d’activité physique. Depuis 15 ans, les données s’accumulent : différentes durées d’étude, différents protocoles « d’activité sportive », différents niveaux de régime.
On peut résumer ces données de la manière suivante :
En pratique, chez la personne obèse :
La pratique semi-intensive d’une activité sportive chez la personne obèse se heurte en fait à deux types d’obstacles :
Il faut ici rappeler que par exemple une heure de vélo tel que peut le pratiquer une personne obèse induit une dépense de 150 à 200 kcal. Si c’est 1 h/semaine, ceci fera une dépense quotidienne de seulement 20 à 30 kcal.
Il est donc beaucoup plus important pour une personne obèse d’augmenter très significativement son activité physique de tous les jours que de pratiquer 1 à 2 fois/semaine un sport dont l’intensité ne peut être que réduite du fait de son surpoids.
Il doit donc marcher plus, monter les escaliers à pied, multiplier les petites courses, plutôt que faire une seule course hebdomadaire qui l’oblige à prendre sa voiture. Il faudrait qu’il puisse atteindre l’objectif de 30 min de marche/jour. Cet objectif ne pourra bien sûr pas être atteint en une semaine.
Ceci est vrai chez l’adulte comme chez l’enfant : voir " Sport ou marche ? "
Plutôt que de se poser la question de savoir si le sport fait maigrir, il importe de se demander si, dans le cas de la personne considérée, le sport est souhaitable ou non. Si oui, quel type de sport peut-on lui proposer, à quelle fréquence et avec quelle intensité ?
De notre point de vue, la question n’a pas vraiment de sens. Il serait nocif pour l’individu et sa santé de pratiquer à outrance et sans contrôle un sport intensif à des fins de perdre un surpoids qu’il est le seul croire avoir.
Il serait vain aussi de faire uniquement du sport en chambre, en utilisant ces appareils vendus pour « muscler votre corps » (appareils de « fitness »), en oubliant totalement l’aspect convivial du sport. Le sport, comme l’alimentation, est aussi un terrain d’échanges et de découvertes !
Publié en 2008