Boulimie : approche médicamenteuse en 2020
Pr Daniel RIGAUD
Beaucoup de professionnels de santé craignent la boulimie, parce qu'ils ont le sentiment d'être impuissants. Parmi les troubles du comportement alimentaire pourtant, la boulimie est sûrement celui où nous avons fait le plus de progrès thérapeutiques. Les années 2000-2010 ont vu en effet l'arsenal thérapeutique contre la boulimie s'enrichir de deux nouveaux médicaments, tandis que d'autres faisaient la preuve de leur efficacité.
Définition : La boulimie sera définie ici au sens strict, c'est à dire comme la répétition au moins deux fois par semaine depuis au moins 3 mois de crises compulsives alimentaires ponctuées de vomissements provoqués (90 % des cas) ou d'autres comportements visant à "éliminer la crise" (sauts de repas, jeûne complet, hyperactivité physique intensive, laxatifs).
Signes cliniques : Près de 90 % des malades qui souffrent de boulimie ne sont pas en surpoids. Environ dix pour cent des malades souffrant de boulimie ont un IMC "limite bas", entre 18 et 19 kg/m2.
Dans la boulimie, il y a quasiment toujours une "pensée anorexique" aussi forte que celle des malades atteints d'anorexie mentale : peur de grossir, peur de manger aux repas, compte des calories...
Dans la boulimie, il y a très souvent aussi une forte anxiété, un état dépressif net, des troubles du sommeil et des troubles de l'humeur (labilité, irritabilité). Tous ces signes sont accrus par le seul fait des crises : plus la malade fait de crises, plus elle a honte, plus elle est anxieuse, plus elle fait de crises, plus elle est déprimée, plus elle fait de crises, plus son sommeil se perturbe, plus elle fait de crises !
L'activité physique est souvent accrue au début.
La boulimie associe et fortes crises de compulsion et poids (IMC) normal et besoin de contrôle et sentiment fort de perte de contrôle et vomissements provoqués et dégoût de soi. Le plaisir est plutôt absent, le dégoût de soi toujours fort et la souffrance des patientes très importante.
La guérison est un long processus :
...
Pour en savoir plus, vous pouvez vous inscrire à notre e-learning, un programme d'enseignement sur les TCA et l'obésité de plus de 50 heures.
Pour vous inscrire, suivez ce lien
https://www.anorexie-et-boulimie.fr/nos-offres.htm
Merci de votre confiance.
Le traitement de la boulimie doit être actif
Il comprend obligatoirement :
...
Pour en savoir plus, vous pouvez vous inscrire à notre e-learning, un programme d'enseignement sur les TCA et l'obésité de plus de 50 heures.
Pour vous inscrire, suivez ce lien
https://www.anorexie-et-boulimie.fr/nos-offres.htm
Merci de votre confiance
Base du traitement médicamenteux de la boulimie
Le traitement doit être de longue durée : jamais inférieur à 6 mois. L'ensemble des auteurs s'accordent plutôt sur une durée de 9-12 mois suivant la gravité de la maladie.
La "montée en charge" doit être progressive, car les 3 médicaments utiles ont des effets secondaires : il convient d'en parler au malade.
L'arrêt doit lui aussi être progressif pour éviter la rechute.
Au terme du traitement médicamenteux, si les repas ne sont pas assurés et conformes aux besoins, il y aura rechute.
Anti-dépresseurs sérotoninergiques (IRS) (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine) : cette classe de médicaments a fait la preuve de son efficacité dans 20 études prospectives contrôlées, dont 12 en double insu et contre placebo. La 1ère étude remonte à 1989 (fluoxétine). Que conclure ?
Pour en savoir plus, vous pouvez vous inscrire à notre e-learning, un programme d'enseignement sur les TCA et l'obésité de plus de 50 heures.
Pour vous inscrire, suivez ce lien
https://www.anorexie-et-boulimie.fr/nos-offres.htm
Merci de votre confiance
Le topiramate
C'est un anti-épileptique. Ce médicament est souvent utilisé en cas d'épilepsie essentielle, même chez l'enfant et l'adolescent. On le connait maintenant bien. Le topiramate agit par un circuit dopaminergique et pas sérotoninergique. On peut aussi imaginer de le coupler avec un IRS en cas d'efficacité insuffisante de ce dernier (mais pas d'étude sur cette association).
Une dizaine d'études scientifiques ont été publiées, dont quatre en double insu contre placebo. Neuf de ces études font état d'un effet significatif net. La 1ère étude dans la boulimie date de 2001.
Pour en savoir plus, vous pouvez vous inscrire à notre e-learning, un programme d'enseignement sur les TCA et l'obésité de plus de 50 heures.
Pour vous inscrire, suivez ce lien
https://www.anorexie-et-boulimie.fr/nos-offres.htm
Merci de votre confiance
Le baclofène
C'est un myorelaxant (LiorésalÒ, ZentivaÒ) qui a des propriétés GABAergiques et dopaminergique. Il est très efficace et très anorexigène. Il faudra donc que la personne malade ait mis en place de vrais repas pris à table avant de le prescrire. Il peut être prescrit en cas d'échec d'un des traitements précédents.
En fait, très peu d'études (si on le compare par exemple au topiramate ou aux antidépresseurs IRS) ont été effectuées : six études scientifiques sont disponibles, dont trois en double insu contre placebo. Cinq des 6 études ont mis en évidence son efficacité contre les crises de boulimie.
Pour en savoir plus, vous pouvez vous inscrire à notre e-learning, un programme d'enseignement sur les TCA et l'obésité de plus de 50 heures.
Pour vous inscrire, suivez ce lien
https://www.anorexie-et-boulimie.fr/nos-offres.htm
Merci de votre confiance
?
Conclusion
Trois médicaments ont fait la preuve de leur efficacité contre les crises de boulimie.
Ils agissent sur des circuits sérotoninergique (IRS) ou dopaminergique (baclofène, topiramate).
En réduisant les crises (fréquence, durée), ils permettent d'améliorer l'humeur et le sommeil.
Mais ils peuvent avoir aussi des effets négatifs aussi sur l'humeur (irritabilité, état dépressif ou anxieux).
Ces médicaments doivent être pris sous contrôle médical strict.
Il convient d'augmenter la dose prudemment et d'arrêter, en fin de traitement, après au moins 9 mois, progressivement.
La prescription d'un de ces médicaments ne doit pas faire oublier l'intérêt de la psychothérapie associée.
Se rappeler que derrière chaque boulimie, il y a une anorexie mentale qui ne demande qu'à être réveillée.