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Trouble du comportement alimentaire et résilience


Raphaèle LOTZ, membre d'Autrement

1. Qu'est-ce que la résilience ?

Le terme de résilience est emprunté à la physique et signifie la résistance des matériaux aux chocs. Transposée au domaine de la psychologie, la notion de résilience fait état de la capacité de l'individu à rebondir, à se reconstruire après un ou plusieurs traumatismes.

La résilience a tout d'abord été conçue comme la réaction d'invulnérabilité de la personne face au traumatisme. La résilience pouvait alors s'entendre comme la capacité innée à résister à l'agression. Le résilient est ainsi perçu comme celui qui parvient à préserver et maintenir une qualité de vie face aux traumatismes endurés. Au contraire, le non-résilient serait celui qui sombrerait dans la dépression, s'effondrerait face aux traumatismes subits. Le non-résilient s'opposerait au résilient. Le premier s'effondrerait face aux traumatismes auxquels le second résisterait.

Aujourd'hui, le concept de résilience a évolué. Il n'est plus question de concevoir que certains individus seraient résilients, d'autres pas. La notion de capacité de résilience est mise en avant. Il s'agit moins d'une seule résistance que d'un apprentissage à vivre. Elle peut se construire chez toute personne. Les chercheurs en la matière parlent du fait que la résilience se tricote entre l'intérieur de la personne et son entourage en vue d'un devenir social.

2. La notion de résilience peut-elle s'appliquer à l'anorexie et à la boulimie ?

Comment la notion de résilience peut-elle alors s'appliquer au domaine des troubles du comportement alimentaire ? Nous pourrions concevoir que s'il y a trouble alimentaire, c'est que le capacité de résilience a échoué mais si nous considérons le trouble comme la concentration d'éléments traumatiques, nous pouvons alors penser qu'il y a à travailler la capacité de résilience chez les personnes qui en sont atteintes.

Selon B. Cyrulnik, la résilience serait un tricot issu d'un triangle: lien, sens, loi (J. Lecomte). Le lien est un phénomène interpersonnel issu le plus souvent de la rencontre avec un thérapeute. Le sens s'inscrit dans l'intrapersonnel et concerne la signification que la personne donne à son histoire, son vécu, son passé et sa projection dans l'avenir. Enfin la loi représente l'ensemble des règles, limites posées par les parents, enseignants auxquelles la personne a pu ou non être confrontée. L'un des éléments ne peut suffire à lui-même, ils sont tous les trois intriqués et donc essentiels.

En outre, la notion de résilience peut tout à fait s'appliquer au domaine des troubles du comportement alimentaire, si nous nous appuyons sur la conception la plus prisée actuellement qui définit que la résilience ne peut se réduire à la capacité de résister mais se définit comme la capacité à se reconstruire suite à un traumatisme quel qu'il soit puisqu'il n'a de sens que pour la personne concernée (S. Tisseron).

Ainsi, les facteurs de résilience réussie mis en évidence face à tout traumatisme peuvent également concerner les troubles du comportement alimentaire. En premier lieu, il s'agit de s'intéresser aux ressources internes et facteurs de protection exogènes dont bénéficie ou pas l'individu. Ses ressources internes s'étendent d'un fonctionnement intellectuel satisfait à la sphère affective ayant trait entre autres à la qualité de l'estime de soi, de la confiance en soi, d'un sentiment de sécurité, de croyances adaptées.
Les facteurs de protection issus de l'environnement concernent aussi bien la famille et sa qualité éducative, la société et la culture (les amis, les enseignants, les thérapeutes ou tout adulte influent ). Pour la personne atteinte de troubles alimentaires, on peut penser qu'il existe avant tout un manque familial quel qu'il soit : communication, limites, règles, notion de respect, soutien éducatif.

Afin d'évoquer une résilience réussie, il s'agira d'avoir la possibilité de recourir à une personne de substitution pour re-trouver des repères, une juste mesure tant quantitative que qualitative dans le domaine alimentaire palliant au plus urgent, au plus visible.

En parallèle, il devra s'effectuer un travail intrasubjectif grâce à l'aide de personnes de confiance, un thérapeute le plus souvent. De ce travail devra résulter :

  • L'accessibilité à l'expression de son ressenti, de ses émotions, de son vécu,
  • Une meilleure estime de soi,
  • Une capacité à se projeter positivement dans l'avenir en se définissant par ses projets au-delà de son passé,
  • La possibilité de s'investir dans le positif plutôt que le négatif,
  • La restauration d'un sentiment de sécurité,
  • La réhabilitation de l'autre venant percer la bulle solitaire dans laquelle le malade a tendance à se réfugier,
  • L'accès à des valeurs beaucoup plus "normative" tant physiquement que psychologiquement.

Enfin, la résilience dans les troubles alimentaires pourra se dire réussie quand la personne aura retrouvé un rapport tant à l'alimentation, qu'à la perception de son poids et son corps corrects s'inscrivant dans une physiologie satisfaite. Mais il ne faudra pas s'arrêter à ce seul critère et donc prendre en compte la capacité de la personne à pouvoir se projeter dans l'avenir avec une image d'elle-même plus positive.

3. Références

B. Cyrulnik, Un merveilleux malheur, Odile Jacob, Paris, 2002.
N. Martin, A. Spire, F. Vincent, Lé résilience. Entretien avec B. Cyrulnik, Le bord de l'eau, Paris,
2010
J. Lecomte, La résilience. Se reconstruire après le traumatisme, Editions rue d'Ulm, Paris, 2009.
S. Tisseron, La résilience, PUF, Paris, 2009
S. Vanistedael et J. Lecomte, Le bonheur est toujours possible. Construire la résilience, Paris, Bayard, 2000.

Publié en 2010