La mesure du seul poids ne suffit pas. En effet :
Dans la dénutrition :
1. le poids sous-estime la perte de masse cellulaire, du fait de l'augmentation de l'eau extra et intra-cellulaire
2. la perte de poids peut intéresser principalement la masse grasse ou la masse maigre
3. au cours de la renutrition, la variation du poids peut être le fait de variation des secteurs hydriques. En effet, l'eau totale représente 60 % du poids du corps, un bilan sodé (NaCl) positif de 9 g/j entraîne une prise de poids corporel de 1 kg (un litre d’oedèmes).
En cas de surpoids ou d’obésité :
1. La rétention hydro-sodée est fréquente : troubles veineux, hyperinsulinisme
2. En cas de régime restrictif, les premiers kg perdus sont de l’eau (extra-cellulaire) : 2 à 4 kg, voire beaucoup plus en cas d’obésité massive (10 à 15 kg)
3. A la sortie de ces régimes, les premiers kg repris sont de l’eau !
Pour toutes ces raisons, il faut connaître la composition corporelle.
Le corps peut être assimilé à un organisme à plusieurs compartiments :
Masse maigre : os, muscles et viscères, eau ; Masse grasse : périphérique et profonde
Voir tableau compartiments corporels ci-dessous.
La composition corporelle peut être estimée par impédancemétrie et absorptiométrie biphotonique.
1- l’impédance bioélectrique : D’un coût relativement modéré, elle est simple à mettre en oeuvre, faisable en toute circonstance et reproductible. Elle a été validé chez le sujet sain. Les différents appareils d’impédance donnent soit la masse grasse et non grasse (basses fréquences), soit ces masses et les secteurs hydriques extra- et intra-cellulaire (basse(s) et haute(s) fréquences).
On en déduit la masse non grasse (incluant os, eau intersticielle et plasmatique), puis par soustraction du poids corporel, la masse grasse.
Le principe est le suivant : le courant alternatif circule uniquement dans la masse maigre, qui contient des électrolytes. A haute fréquence (plusieurs centaines de kHZ), il franchit la membrane et mesure l’eau totale. A faible fréquence (<10 kHZ), il ne la franchit pas et mesure l’eau extra-cellulaire.
L’impédance donne des résultats cohérents, sauf dans les dénutritions ou les obésités majeures (IMC < 14 kg/(m)2 ou IMC > 40 kg/(m)2) et lorsque la rétention hydro-sodée est soit massive soit localisée dans l’abdomen (ascite, pleurésie).
L’absorptiométrie biphotonique : Elle identifie masse maigre, masse grasse et masse osseuse. En revanche, elle ne mesure pas l’eau. Elle donne des renseignements très fiables, avec une bonne sensibilité. Elle permet des mesures segmentaires.
Elle mesure l’émission liée à la mise en résonance des noyaux des atomes hydrogènes de l’eau et de la graisse. Elle peut reconnaître et localiser de la graisse au sein d’un muscle par exemple.
L’irradiation qu’elle implique est faible. Elle est onéreuse.
Compartiment |
Poids (%) |
Fonctions |
Énergie associée |
Masse maigre* |
70-80 |
||
Os |
8-10 |
Soutien |
0 |
Muscles |
30-40 |
Déplacements, internes (muscles lisses) et externes |
8 000 kcal |
Viscères |
30-40 |
Fonctions internes |
0 |
Eau intra-cellulaire |
30-40 |
Echanges |
0 |
Eau extra-cellulaire |
20-30 |
Circulation |
1000 |
dont plasmatique |
3-4 |
Circulation |
350 |
interstitielle |
18-26 |
Echanges plasma-cellules |
650 |
Total eau |
60-70 |
||
Masse grasse |
20-30 |
10 à 15 kg |
|
de revêtement |
12-20 |
Isolement (thermique,mécanique, électrique) |
50 000 à 100 000 kcal |
profonde |
6-10 |
Echanges énergétiques |
30 000 à 50 000 kcal |
La masse maigre n’est un "donneur d’énergie et de protéines" que dans certaines limites : la masse musculaire n’est mobilisable qu’à 40-50 %, la masse viscérale beaucoup moins.