Madame X, 35 ans, 70 kg, 1,63 m vient consulter son médecin car elle a encore grossi depuis 1 an. Elle se sent difforme, ne rentre plus dans ses vêtements. Elle est essoufflée au moindre effort.
Elle n’y comprend rien, car elle n’arrête pas de grossir, alors qu’il lui semble manger peu. Elle a tout essayé : coupe faim, homéopathie, crème amincissante, substitut de repas, diète protéique, régime « très basse calorie », régime dissocié...
Mme X a divorcé il y a 2 ans. Elle vit seule avec ses 2 enfants : un fils de 15 ans de poids normal, une fille de 13 ans déjà ronde.
Elle travaille comme secrétaire mais supporte mal les tensions avec une collègue. Tout le monde parle régime au bureau, c’est pénible.
Son père est « fort » : 85 kg pour 1,72 m. Il est diabétique.
Sa mère est mince : 56 kg pour 1,59 m, mais très souvent au « régime ».
Deux oncles (sur 5) et deux des 4 grands-parents sont forts.
L’objectif de perte de poids doit être réaliste : - 1 kg / semaine la 1ère semaine, - 0,5 kg ensuite. Le seul vrai objectif est de maintenir le poids obtenu sur 20 à 30 ans ! Se méfier, en cas d’échec du régime, d’un trouble du comportement alimentaire. Ne pas se peser plus d’une fois / semaine.
Revoir la patiente tous les 15 jours au début (plus si elle le demande).
Le médecin doit pouvoir prendre en charge la souffrance de cette jeune femme trop « forte ».
Normes biologiques :
Il n’y a chez Mme X, aucun bilan biologique à prévoir.
En revanche, en cas d’obésité ou de surpoids androïde :
Le « régime » fait-il perdre du poids régulièrement ?
Non, d’autant que la première étape n’est pas un régime strict mais des conseils alimentaires à adapter aux habitudes, contraintes et goûts de la patiente, aux fêtes, aux saisons, à l’activité physique, sans interdit ni diktat et en conservant le plaisir de manger.
Il est habituel de constater, dès la restriction calorique, des cycles : perte de poids rapide, puis plateau, parfois une légère reprise de poids. Il ne faut se peser qu’une fois par semaine pour éviter le découragement.
Faut-il supprimer les graisses ?
Non, car elles apportent bien d’autres choses que des calories. Il faut en réduire la consommation.
Il y a les graisses visibles ajoutées (huile, beurre, margarine) ou de constitution (gras du jambon) et les graisses cachées.
Huile ou beurre ?
Les huiles contiennent 100% de lipides, le beurre et les margarines 82% (et 18 % d’eau).
Toutes les huiles ont la même densité énergétique (9 kcal/g ; 1 cuill. à soupe = 130 kcal). Le beurre apporte 7,5 kcal/g. La crème fraîche est moins calorique (3,3 kcal/g et 61 % d’eau).
Entre différentes huiles ou entre beurre et margarine, seule la composition en acide gras diffère. L’huile d’olive, d’arachide, de colza, contiennent des acides gras monoinsaturés. Les huiles de tournesol, maïs, noix contiennent des polyinsaturés (dont acide linoléique et acide alpha linolénique).
L’idéal est de varier les huiles et d’en mettre peu (1/2 cuill à soupe). Leur consommation est nécessaire à l’équilibre alimentaire. Elles sont une source de vitamines (A dans le beurre, E dans les huiles), du calcium (crème fraîche).
QUESTIONS :
1. Quel est votre diagnostic ?
Réponses proposées (plusieurs peuvent être justes) :
Réponse 1 : obésité à composante vasculaire
Réponse 2 : obésité à risque coronarien accru d’un facteur 3
Réponse 3 : pas obésité mais surpoids de type gynoïde
Réponse 4 : pré-diabète de type 2
Réponse 5 : surpoids gynoïde à composante génétique probable
Réponses justes : cliquez ici
Il s’agit d’un surpoids et pas d’une obésité. Ce surpoids est de type gynoïde. Il s’associe à une insuffisance veineuse des membres inférieurs
- Chez une femme jeune
- Ayant une alimentation déséquilibrée,
- Des difficultés personnelles,
- Et une susceptibilité génétique au surpoids et au diabète non insulinodépendant.
2. Quels examens biologiques demanderiez-vous ?
Réponses proposées (plusieurs peuvent être justes) :
Réponse 1 : glycémie à jeun et postprandiale
Réponse 2 : aucun examen de sang
Réponse 3 : T3, T4, TSH
Réponse 4 : cortisolémie à 18 h
Réponse 5 : cholestérol total et chol-HDL, triglycérides
Réponse juste : cliquez ici
En l’absence de traitement oestro-progestatif et d’ATCD familiaux, aucun examen biologique n’est à prévoir, s’il s’agit d’une femme, qu’elle n’est pas obèse, qu’elle n’a pas de répartition androïde du surpoids (rapport taille sur hanche < 0,85) et qu’elle a moins de 40 ans. Dans le cas de Mme X., la pilule et les ATCD familiaux de diabète obligent à demander : glycémie à jeun, triglycérides et cholestérol.
3. Quelle est votre démarche thérapeutique ?
Réponses proposées (plusieurs peuvent être justes) :
Réponse 1 : objectif : perte de 15 kg sur 12 mois
Réponse 2 : régime à 600 kcal/j jusqu’à obtention du poids objectif
Réponse 3 : objectif : perte de 5 kg sur 12 mois
Réponse 4 : régime isocalorique sur 3 repas et une collation
Réponse 5 : rechercher un trouble du comportement alimentaire
Réponse 6 : prescription d’un anorexigène de type central
Réponses justes : cliquez ici
- Repérer un éventuel trouble du comportement alimentaire - Ne pas chercher à la faire maigrir « à tout prix » - La perte de 5 kg sur un an, en ne faisant que restructurer son alimentation serait déjà un excellent résultat : il y a peu de chance, dans le contexte génétique de surpoids où elle se trouve probablement, qu’elle maintienne un poids inférieur à 65 kg. - Il n’y a pas d’indication à un traitement médicamenteux |
Publié en 2004