L’obésité est un excès de masse grasse associé à une altération de la qualité et de l’espérance de vie.
Elle répond à un déséquilibre excédentaire entre consommation et dépense énergétique.
Il ne s’agit donc pas d’un problème esthétique, mais bien d’un état pathologique.
Pour plus de commodité, on définit l’obésité comme un excès de poids pour une taille corporelle donnée : c’est l’indice de masse corporelle (IMC). La valeur seuil a été rehaussée récemment à 30 kg/(m)2 :
Tableau 1 : risque de mortalité à 20 ans pour des sujets d’âge moyen
Classes | IMC (Kg/(m)²) | Risque | Risque relatif |
Poids normal |
18,5 à 25
|
de référence
|
1
|
Surpoids |
25-30
|
un peu augmenté
|
1,2
|
Obésité modérée |
30-35
|
nettement augmenté
|
1,4
|
Obésité sévère |
35-40
|
id.
|
2
|
Obésité morbide |
> 40
|
id.
|
4
|
Il n’y a pas une mais des obésités. En particulier, on oppose les obésités androïde et gynoïde selon le type de répartition préférentielle de la masse grasse.
On distingue les obésités androïde (abdomino-mésentérique) ou gynoïde (fessio-crurale). Ceci conditionne complications et pronostic.
Cette distinction n’est pas seulement intellectuelle : il y a en effet, une grande différence de risque de complications et maladies associées à l’obésité, selon qu’elle est abdomino-mésentérique ou gynoïde :
Ce ne sont pas les mêmes complications qui prédominent elles n’ont pas la même fréquence
A titre indicatif, les complications hépatiques, métaboliques et cardio-vasculaires sont 3 à 4 fois plus fréquentes en cas d’obésité abdomino-mésentérique qu’en cas d’obésité gynoïde. A l’inverse, la lithiase biliaire est plus fréquente en cas d’obésité gynoïde.
Savoir les reconnaître : Il est simple de différencier ces 2 types d’obésité : le rapport de la circonférence de la taille sur celle des hanches : RTH ; d’aucuns prennent en compte seulement la circonférence de la taille (CT) :
Androïde : RTH > 0,9 chez la femme, RTH > 1,0 chez l’homme
Androïde : 90 cm chez la femme, 100 cm chez l’homme
En cas d’obésité androïde, l’HTA, l’atteinte coronarienne, le diabète non insulino-dépendant, l’hypertriglycéridémie sont 4 à 8 fois plus fréquents que dans la population des sujets non obèses.
L’obésité est un état fréquent : en moyenne, 10 % des adultes sont obèses en France !
1980 |
1996 |
|
Obésité modérée |
4,7 % |
10,8 % |
Obésité importante |
0,4 % |
1,8 % |
OBÉSITÉ ANDROÏDE (Abdomino-mésentérique) |
OBÉSITÉ GYNOÏDE (Fessio-crurale) |
Maladies cardio-vasculaires |
Arthropathies |
coronaropathies HTA troubles du rythme |
Gonarthrose Coxarthrose Dorsalgie |
Insuffisance cardiaque |
Veinopathies |
accidents vasculaires cérébraux (ischémiques et hémorragiques) |
varices, phlébite, thrombose embolie (post-op.) |
Complications respiratoires |
2 fois moins de complications respiratoires |
insuffisance respiratoire syndrome d’apnée du sommeil hypoventilation alvéolaire, HTAP |
|
Complications métaboliques |
4 fois moins de complications métaboliques |
Insulino-résistance Baisse du cholestérol hdl Hypertriglycéridémie (vldl) Diabète de type II |
|
Complications cutanées : |
hypersudation, mycose, lymphoedème |
Complications post-opératoires |
|
Cancers : prostate, colon ? |
Cancers : sein, utérus |
Atteintes hépato-digestives : stéatose |
Atteintes hépato-digestives : lithiase biliaire |
Si la part de la génétique est parfaitement démontré (animaux génétiquement obèse type souris ob/ob, rat fa/fa, agouti, jumeaux vrais, enfants adoptés), les mutations des gènes en cause ne sont pas clairement identifiées.
Il n’y a sûrement pas un gène de l’obésité, mais de multiples facteurs, y compris chez un malade donné ! De multiples facteurs physiopathologiques sont en effet en cause : on a décrit chez des obèses, suivant les études : un appétit " plus marqué " pour le gras, des hyperphagies de tous types, des facteurs psychiques de dépendance, une liaison plus forte entre humeur et prise alimentaire, une faim plus grande, un rassasiement plus lent, une satiété plus courte, des dépenses énergétiques plus faible, une masse maigre plus réduite...
Protides |
Glucides |
Lipides |
|
Rassasiement |
+ + + |
+ + |
+ |
Satiété |
+ + + |
+ + |
+ |
Densité énergétique (kcal/g) |
+ + |
+ + |
+ + + + |
Possibilité d’adaptation à l’excès d’apport |
+ + + |
+ + |
+ |
Capacité de stockage |
+ + |
+ |
+ + + + |
Voies métaboliques de transfert |
+ |
+ |
0 |
Causes (mécanismes) |
Conséquences |
Hyperphagie (parfois) |
Fréquente restriction cognitive |
Peu ou pas de troubles du comportement alim. |
TCA fréquents (compulsions, frénésie, fringale) |
Troubles endocriniens fort peu fréquemment en cause |
Hypothyroïdie et hypercorticisme |
Masse maigre " faible " ou diminuée (adulte) |
Masse maigre élevée (port du surpoids) |
DER basse |
DER élevée |
DEPP basse, par DEPP " facultative " (celle liée au système beta adrénergique) basse |
DEPP élevée (quand hyperphagie) |
Sensibilité accrue à l’insuline |
Sensibilité réduite à l’insuline |
Oxydation forte du glucose (et donc "épargne" des lipides |
Oxydation du glucose diminuée (et donc risque d’hyperglycémie) |