La prise en charge de l’obésité est une affaire très longue haleine. Beaucoup de malades et de médecins s’y épuisent et cherchent alors, ensemble ou séparément, " le traitement facile " à portée de tous.
Dans notre imaginaire, une intervention chirurgicale a un côté " radical " qui attire. Les gastroplasties, pour cette raison, séduisent bien des malades et des thérapeutes.
La gastroplastie est un recalibrage de l’estomac, à telle fin de réduire son volume " utile " à 60 mL environ. Il en existe plusieurs sortes : gastroplasties verticales bandées avec double série d’agrafes isolant une poche gastrique supérieure et chenal inférieur ; anneau gastrique qui fait comme une ceinture gonflable autour de la partie haute de l’estomac ; par analogie, by-pass gastrique où une anse jéjunale montée est anastomosée à la partie haute de l’estomac, elle-même séparée de la partie basse par une double série d’agrafes.
Il ne fait aucun doute que les malades, après gastroplastie, maigrissent, et maigrissent même beaucoup, dans les 2 premières années (15 à 20 kg pour beaucoup). Ils perdent de la masse grasse (60 à 70 %) et aussi de la masse maigre (30 à 40 %).
Il est clair qu’ils réduisent massivement leurs ingesta, avec pour certains de véritables anorexies et des apports inférieurs à 800 kcal et 40 g de protides par jour.
Il est très fréquent que les repas ne soient plus possibles, le chenal inférieur, large de 7 à 9 mm, ne laissant passer que des aliments longuement mâchés et sélectionnés pour n’être pas trop durs (les crudités et les fruits passent plutôt mal ; et ne parlons pas de certaines viandes) ou ne pas faire bouchon (risque de bézoar).
Il n’est pas si facile de boire en mangeant, car la distension de la poche génère des douleurs dissuasives. Alors, certains patients se nourrissent en " buvant ou suçant " (sodas, glaces, pâtes à tartiner).
Il n’est pas si facile de suivre ces malades : ils ne se plient pas si aisément à la nécessité d’une surveillance médicale. Peut-être est-ce là la conséquence d’une sélection de malades " qui en ont assez " des consultations médicales éprouvantes et veulent " être débarrassés " de leur obésité ?
Un malade sur cinq doit être ré-opéré dans les 5 ans qui suivent, pour troubles du comportement alimentaire ou complication chirurgicale.
Une grosse poignée de patients regrossissent (30 à 50 % selon les séries), tout ou partie (20 % ont retrouvé leur poids antérieur 10 ans plus tard).
Muni de ces propositions, un service hautement spécialisé dans le traitement de l’obésité ne devrait pas faire opérer plus de 0,3 malades par an !
Publié en 2005