Pr Daniel RIGAUD, Nutrition (Dijon)
L'anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire. C'est une maladie chronique à rechute.
L'anorexie mentale est classiquement (classification internationale) définie comme :
De l'avis général, les critères 4 et 5 ne sont plus indispensables.
Rappel : l'aménorrhée se voit chez 95 % des malades qui souffrent d'anorexie mentale.
Clairement, l'anorexie mentale est un besoin de maigrir toujours plus et la peur (et donc le refus) de peser un poids normal, même minimal, qui aident le plus au diagnostic d'anorexie mentale.
Comment peut-on faire le diagnostic simplement ? La formulation à employer est la suivante : « Je vois que vous pesez tant… Ce n'est pas assez. Le poids minimum pour votre sexe, votre âge et votre taille est de … (donner celui d'un IMC à 18,5 kg/m2). C'est ce poids, minimum pour votre taille que je vous propose de retrouver. Qu'en pensez-vous ? ».
Mais ces critères de diagnostic ne regroupent pas tous les cas d'anorexie mentale :
Une adolescente un peu grosse (taille : 1,65 m, poids : 68 kg, IMC 25 kg/m2 à 16 ans) qui se met au régime, qui, 2 mois plus tard, a tellement peur de grossir qu'elle veut encore perdre du poids et qu'elle ne mange plus rien… mais qui pèse 55 kg (-13 kg en 2 mois ! IMC : 20,2 kg/m2) n'est-elle pas déjà au début d'une anorexie mentale ?
Que dire de cette jeune femme de 30 ans qui souffre d'obésité (taille : 1,65 m, poids : 83 kg, IMC : 30,5 kg/m2), qui a déjà perdu 25 kg en 3 mois (58 kg, IMC : 21,3 kg/m2), qui ne fait plus qu'un seul repas par jour (1 salade composée) et qui ne veut plus "remanger normalement sous aucun prétexte" et qui "se sent énorme" ?
Que dire aussi de cette jeune femme de 26 ans qui pense que le sport est indispensable à la santé, qui court 10 km chaque jour après le travail, qui a décidé de "garder la forme physique par une alimentation saine", qui pèse 49 kg pour 1,65 m (IMC : 18 kg/m2), qui ne veut pas maigrir plus, mais qui ne veut certainement pas regrossir ?
Il nous semble que les mots-clés pour parler d'anorexie mentale sont la peur de grossir, le besoin de contrôle sévère sur son poids et/ou sa silhouette, au prix d'une alimentation très/trop restrictive, des pensées obsessionnelles autour de l'alimentation, surtout s'il existe un contexte de mal-être évident.
Le diagnostic actuel pourrait être anorexie mentale atypique, anorexie mentale du (de la) sportif.
Il existe aussi, à côté de ces cas où nous porterions, nous, le diagnostic d'anorexie mentale, des cas de TCA restrictifs qui demandent toute notre attention. Je n'en citerai que deux :
Rappels essentiels
Même si les signes suivants ne font pas partie du diagnostic d'anorexie mentale, ils sont indispensables à rechercher : |
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Les études de suivi de population ont clairement mis en évidence des populations "à risque", c'est-à-dire celles pour lesquelles le risque de développer une anorexie mentale est accru :
L'anorexie mentale est une maladie chronique dont il importe de faire le diagnostic tôt, pour éviter une trop grande chronicité.
Le diagnostic repose sur la peur de grossir (ou de regrossir) et le mal-être très souvent associé, ainsi que sur le caractère obsessionnel du besoin de maigrir.
Certaines populations sont à risque : les adolescentes et les jeunes femmes, les parents qui sont trop attentifs à la forme, la silhouette ou le poids, les sportives de fond et demi-fond.
A côté de l'anorexie mentale typique, on observe de plus en plus de formes atypiques.
Publié en 2018