Anorexie, boulimie, compulsions alimentaires : l'association peut vous aider à voir les choses Autrement

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Anorexie mentale et troubles digestifs


Pr D. RIGAUD - Président

Les troubles fonctionnels digestifs sont très fréquents en cas d’anorexie mentale. On estime par exemple que :

  • 20 % des malades ont un reflux gastro-œsophagien gênant,
  • 70 % ont un ralentissement de la vidange gastrique,
  • 75 % ont une constipation marquée.
  • Les deux tiers des patientes souffrant d'anorexie mentale se plaindra de troubles digestifs sérieux lors de la renutrition.

Les troubles « somatiques » sont beaucoup plus rares : seuls 4-5 % des malades ont une œsophagite par reflux acide, l’anorexie mentale n’est pas associée à la maladie ulcéreuse gastrique ou duodénale, ne s’accompagne pas de malabsorption ni de lithiase biliaire.

Ces troubles fonctionnels digestifs posent différents ordres de problème :

  • Ils altèrent la qualité de vie,
  • Ils génèrent des inconforts et des douleurs postprandiales,
  • Ils entravent la renutrition, en empêchant les malades de manger à hauteur de ce qu’on leur demande, afin de reprendre le poids qu’elles ont perdu.

1. Mécanismes en cause

1- Le mécanisme le plus important est sans nul doute, chez beaucoup de malades, la dénutrition. Au moins 85 % des malades sont ou ont été dénutri(es) à un moment donné de leur trouble du comportement alimentaire.

La dénutrition entraîne en effet une diminution à la fois de la force et de la masse musculaire.
La fonte musculaire est globalement proportionnelle, dans l’anorexie mentale, à la perte de poids : en pourcentage, ces malades perdent autant de masse musculaire que de poids : si elles ont perdu 20 % de leur poids, elles ont perdu 20 % de leur masse musculaire. L’hyperactivité physique n’y change rien. Cette perte musculaire affecte plus les muscles lisses que les muscles striés. En effet, les muscles lisses sont moins indispensables à la survie de l’organisme que certains muscles striés (myocarde, diaphragme). Parmi les muscles lisses, ce sont les muscles lisses digestifs qui sont les plus touchés.

Associée à cette réduction des masses musculaires digestives, on note un déficit des fonctions. Le muscle est plus mince et moins fonctionnel. Ceci est lié en partie au déficit énergétique. Mais le déficit protéique joue aussi un rôle important.

2- Le 2ème mécanisme le plus important est sans nul doute, chez tous les malades, les carences nutritionnelles : carences en protéines et en acides aminés, carences en lipides, carence en glucose disponible, carence en de multiples minéraux (calcium et phosphore en particulier) et en vitamines qui ont un rôle dans la contraction musculaire. Faute de carburant, d’huile et de nutriments, le muscle dysfonctionne.

3- Une 3ème mécanisme est l’anxiété. L’anxiété a de nombreuses conséquences, en particulier digestives. Dans le questionnaire de Hamilton sur l’état anxieux, la rubrique n°11 retient comme troubles digestifs en rapport avec l’anxiété : difficultés pour avaler, rétention et/ou émission de gaz, troubles de digestion, douleurs avant ou après les repas, brûlures gastriques, ballonnements, nausées, creux à l'estomac, "coliques", borborygmes incessants, diarrhée.

2. Rappel de physiologie digestive

Tous les organes digestifs « creux » (œsophage, estomac, vésicule biliaire et voies biliaires, intestin grêle et recto-colon) sont pourvus d’une double couche musculaire : la musculaire muqueuse et la musculeuse.

  • a) La musculaire muqueuse permet le plissement de la muqueuse, qui a lui-même pour but d’accroître la surface d’absorption.
  • b) La couche musculeuse est faite, elle aussi, de deux couches : une couche circulaire et une couche transversale. La première permet une contraction circulaire (en anneau) et la 2ème une propagation du bol alimentaire, par traction.

Un autre phénomène important dans le fonctionnement musculaire du tube digestif est le complexe myoélectrique migrant (CMM). Un des plus actifs est le CMM de l’intestin grêle. Il nait à la moitié de la portion verticale de l’estomac, se propage vers le bas, passe le pylore et balaie tout l’intestin grêle. Il s’arrête à la valvule iléo-caecale.

Il existe aussi un CMM au niveau de l’œsophage et au niveau du colon. Mais, dans le cas du colon, ce CMM ne nait pas toujours au tout début du colon (au niveau du bas fond du caecum) et ne se propage pas non plus sur toute la longueur du colon : il parcourt une certaine distance (en général un tiers du colon environ) et s’interrompt.
Le but des CMM est de « pousser vers le bas » le bol alimentaire, mais aussi de « brasser » les aliments pour les rendre plus digestibles.

Au niveau gastrique, lorsque les premiers aliments pénètrent dans l’estomac, le pylore laisse passer la première bouchée puis se ferme. Il restera fermé 10 min. Ensuite, au fur et à mesure que les aliments sont avalés, la pression gastrique augmente. Ceci provoque un réflexe de relâchement du muscle gastrique. En se détendant, il diminue la pression intra-gastrique. C’est ce qui explique qu’on puisse continuer à manger, même après une bonne quantité, sans que ce soit douloureux.

2.1. L’œsophage

Lorsqu’on avale, même la tête en bas, le CMM pousse le bol alimentaire vers le cardia. Le cardia, lui, reste fermé la plupart du temps, sauf quand une bouchée passe. Dans l’anorexie mentale, le CMM est faible et pousse mal : les douleurs dans la poitrine quand on mange viennent de là. Le cardia reste ouvert chez certaines malades trop souvent et trop longtemps : de l’acide reflux de l’estomac. C’est ce qui explique les douleurs acides voire les remontées acides dans la bouche.

Parmi les malades anorexiques, celles qui font des crises de boulimie ont encore plus de reflux acides de l’estomac vers l’œsophage. En effet, la porte de sortie, le cardia, est forcée régulièrement par les vomissements provoqués ; elle « fuit » donc (la pression du sphincter inférieur de l’œsophage est basse et instable ; lorsque l’estomac se contracte, le liquide gastrique s’échappe vers le haut.

2.2. L’estomac

L’estomac se vidange mal et lentement. On a montré qu’un repas de petite taille (450 kcal, soit moins de la moitié d’un repas normal) s’évacuait en deux fois plus de temps que chez des femmes sans trouble alimentaire.  ....

 

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Publié en 2020