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Épidémiologie de l'obésité


Pr Daniel RIGAUD - Nutrition (Dijon)

Le texte ci-dessous est une reproduction mot à mot de passages du texte PDF de l'étude ObÉpi 2012. Ce texte a été publié sous la haute autorité de M. Basdevant et Mmes Eschwège et CHARLES. Le Pr Arnaud Basdevant est professeur de Nutrition (Université Paris VI) et spécialiste de l’obésité. Le Dr Eveline Eschwège est directrice de Recherche Émérite (épidémiologie du diabète et de l’insulino-résistance ; unité 21 de l’INSERM). Le Dr Marie-Aline Charles est directeur de recherche à l’INSERM (équipe Epidémiologie de l'obésité, du diabète et des maladies rénales ; épidémiologie et Santé des Populations).

1. Méthode

L’enquête ObÉpi 2012 a été menée auprès d’un échantillon de 20 000 foyers (issus de la base de KANTAR HEALTH-Institut Roche, mise en place en 2000. Cette base excluait les sujets vivant en institution, en foyer, en résidence ou sans domicile fixe. Les personnes ont répondu à un auto-questionnaire, adressé par voie postale.

Le panel a été constitué selon la méthode des quotas au niveau foyer, après une double stratification région / habitat. Outre les questions sur le sexe, l’âge, la profession et le revenu, il a été demandé aux volontaires de préciser leur taille, leur poids, leur tour de taille et les traitements en cours pour hypertension artérielle, dyslipidémie (excès de cholestérol ou de triglycérides) et diabète.

Sur 39.538 individus de 15 ans et plus, 14.705 foyers ont retourné leur questionnaire (73,5%). Les questionnaires de 25.714 adultes (> 18 ans) étaient complets (65% des individus). Le tour de taille était renseigné chez 21.449 individus.

L'échantillon "Obépi" était représentatif de la population générale pour le sexe, l'âge, la ville, la profession, le niveau d'instruction, le nombre de personnes au foyer et la région d'habitat.

2. Résultats

Fréquence de l'obésité

Cette étude de 2012 rapporte que 32,3% des Français adultes sont en surpoids (25 ≤ IMC < 30 kg/m2) et que 15% ont une obésité (IMC ≥ 30 kg/m2). Le poids moyen de la population française a augmenté, en moyenne, de 3,6 kg en 15 ans alors que la taille moyenne a augmenté de 0,7 cm. Le tour de taille de la population a augmenté, passant de 85,2 cm en 1997 à 90,5 cm en 2012, soit +5,3 cm en 15 ans.

La prévalence de l’obésité, qui était de 14,5% en 2009, était de 15 % en 2012. Cette différence, non significative, correspond à une augmentation de 3,4% au cours des trois dernières années. Elle est significativement inférieure aux années précédentes : +18,8% entre 1997-2000, +17,8% entre 2000-2003, +10,1% entre 2003-2006 et +10,7% entre 2006-2009.

Le nombre d'obèses en 2012 est estimé à environ 6,922 millions de personnes (soit plus 3,35 millions vs 1997). L’IMC moyen est passé de 24,3 kg/m2 en 1997 à 25,4 kg/m² en 2012 (p<0.05), soit + 1,1 kg/m2 en 15 ans. En 2012, comme depuis 2003, la prévalence de l’obésité est plus élevée chez les femmes (15,7% versus hommes : 14,3% ; p<0.01) et son augmentation, en 15 ans, plus nette chez les femmes, notamment de 18-25 ans.

Il persiste un très net gradient social de l’obésité mais les différences de prévalence entre les catégories socio-professionnelles n’ont pas subi d’évolution majeure. La prévalence de l’obésité reste inversement proportionnelle à la taille de l’agglomération. Depuis 2000, le pourcentage de personnes ayant un tour de taille supérieure au "seuil de risque cardio-vasculaire" est passé de 25,3% à 35,5% (2012).

En 2012, la prévalence de l’obésité chez les adultes est de 15 % (± 0,4%). Elle était de 14,5% en 2009, de 13,1% en 2006, de 11,9% en 2003, de 10,1% en 2000 et de 8,5% en 1997. La prévalence de l’obésité classe III (IMC > 40 kg/m2) est passée de 0,3% (± 0,1%) de la population en 1997 à 1,2% (± 0,1%) en 2012. Le pourcentage des Français sans surpoids est passé de 62% en 1997 à 53% en 2012.

Tour de taille

Le tour de taille, moyen d’apprécier l’adiposité abdominale, est corrélé à un risque accru de maladies cardio-métaboliques, d’insulino-résistance et de certains cancers. Chez les hommes, dans l'enquête ObÉpi 2012, le tour de taille moyen a augmenté de 91,3 cm en 1997 à 95,1 cm en 2012 (+3,8 cm). Ce tour de taille a augmenté tous les ans : 91,3 cm (1997), 92,6 (2000), 93,5 cm (2003), 93,8 cm (2006), 94,8 cm (2009) et 95,1 cm en 2012.
Chez les femmes, le tour de taille moyen est passé de 79,8 cm en 1997 à 86,5 cm en 2012. Ce tour de taille a augmenté tous les ans depuis les premières études ObEpi : 79,8 cm en 1997, 81,8 en 2000, 82,9 en 2003, 83,7 en 2006, 85,5 en 2009 et 86,5 cm en 2012.

Effet de l'âge et du sexe

Age : L’IMC moyen augmente régulièrement avec l’âge, de 22,4 ± 4,0 kg/m2 pour les 18-24 ans à 26,5 ± 4,6 kg/m2 après 65 ans (chiffres de 2012). L’augmentation la plus importante entre 2009 et 2012 est celle qui touche les 18-24 ans (+ 35%). La variation dans les autres tranches d’âge se situe entre - 1,5% et + 4,5%.
Plus les générations sont récentes et plus le taux d’obésité de 10% est atteint précocement. Autrement dit, la génération née entre 1980 et 1986 atteint 10% d’obésité vers 28 ans alors que la génération née 20 ans plus tôt atteint 10% d’obésité vers 41 ans.

Chez les femmes, l’augmentation concerne tous les âges. L’augmentation de la prévalence de l’obésité est de +4% depuis 2009, +15,4% depuis 2006, +31,9% depuis 2003, + 57% depuis 2000 et +89,2% depuis 1997.

Sexe : La prévalence de l’obésité a augmenté quel que soit le sexe, mais son augmentation entre 1997 et 2012 est plus importante chez la femme (+89,2%) que chez l’homme (+62,5%).
La prévalence globale de l’obésité est significativement différente entre hommes (14,3%) et femmes (15,7%, p<0.01). L'augmentation plus forte chez la femme, de 2003 à 2012, se confirme en particulier pour les obésités de classe II (IMC : 35-39,9 kg/m² ; 2,5% pour les hommes, 3,7% pour les femmes) et de classe III (IMC 40 kg/m² ; 0,6% pour les hommes, 1,6% pour les femmes).

Autres facteurs

En 2012 comme depuis 1997, il existe une relation inversement proportionnelle entre niveau de revenus du foyer et prévalence de l’obésité.

Parmi les 8 grandes régions, le Nord est la région à la plus forte prévalence d’obésité en 2012 (21,3%). Suivent le Bassin Parisien (17,8%) et l’Est (17,1%). Les 5 autres régions ont des prévalences de l’obésité relativement semblables et toutes inférieures à la moyenne nationale.

Les régions subissant les plus fortes évolutions de l’obésité entre 1997 et 2012 sont la Région Parisienne avec 84,6% d’augmentation, le Bassin Parisien avec + 85,4% et l’Est avec + 83,9%. Le Sud-Est, quant à lui, a la plus faible augmentation de prévalence ces 15 dernières années. Alors que cette région était en 1997 proche du niveau de prévalence de la moyenne nationale, son augmentation de prévalence en 15 ans est de seulement 50% et elle compte, en 2012, 12,9% de personnes obèses (vs 15% au niveau national).

3. Obésité et facteurs de risque

En 2012, le risque d’être traité pour hypertension artérielle est multiplié par 2,3 chez les sujets en surpoids et par 3,6 chez les personnes obèses par rapport aux sujets dont l’IMC est inférieur à 25 kg/m².

La prévalence des dyslipidémies traitées est multipliée par 2,2 en cas de surpoids et par 2,7 en cas d’obésité par rapport aux sujets dont l’IMC est inférieur à 25 kg/m².

La combinaison de l’association des facteurs de risque traités augmente avec l’IMC dans les mêmes proportions en 2012 que dans les précédentes études. La probabilité d’avoir l’association de 3 facteurs de risque cardio-vasculaires traités est 14 fois plus importante chez les sujets obèses et 5 fois plus importante chez les sujets en surpoids que chez les individus à corpulence normale.

 

Tableau : Fréquence de l'obésité dans les grandes régions de France

 

1997

2000
2006
2012
Nord Pas-de-Calais
13,5
14,3
19,2
21,3
Champagne-Ardenne
8,5
13,6
14,2
20,9
Picardie
9,1
12,7
14,4
20,0
Haute Normandie
10,9
14,8
16,7
19,6
Alsace
9,1
12,2
16,2
18,6
Limousin
8,1
9,4
14,7
17,8
Lorraine
10,5
12,5
14,1
17,0
Centre
9,8
10,7
13,7
16,9
Basse Normandie
9,4
8,7
14,2
15,9
Aquitaine
8,5
9,7
12,7
15,8
Languedoc Roussillon
10,3
11
13,9
15,6
Franche Comté
6,3
9,3
15,3
15,4
Bourgogne
9,8
9,8
11,7
14,9
Auvergne
11,1
10,2
13,9
14,4
Ile de France
7,0
8,9
12,1
14,4
Poitou-Charentes
8,8
7,9
12,8
13,8
Rhône-Alpes
7,9
9
10,6
12,5
Bretagne
6,7
8,5
10,5
12,0
Pays de Loire
6,8
7,6
12,2
11,8
PACA
6,8
10
11,5
11,7
Midi-Pyrénées
7,8
8,3
10,1
11,6
France
8,5
10,1
13,1
15

 


Publié en 2015