Anorexie, boulimie, compulsions alimentaires : l'association peut vous aider à voir les choses Autrement

Anorexie Boulimie Compulsions
Définitions, physiopathologie, épidémiologie et maladies associées
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Hyperactivité physique : une défense contre les émotions


Dr Gérard Apfeldorfer, Psychiatre (Paris)

Être actif consiste à exercer ses facultés naturelles, motrices, perceptives et mentales. Être, c'est être actif. L’hyperactivité consiste en une activité supérieure à la normale, un excès. Le niveau d’activité ne permet plus la réalisation de soi, et entraîne des effets nocifs.

Lorsque l'on poursuit une activité qui nous nuit, quelle peut être notre motivation ? En règle générale, on poursuit l'activité parce qu’elle nous procure un bien-être à court terme, qu'elle permet de rétablir notre homéostasie, même si elle s'avère nocive sur le long terme.

La poursuite de l'hyperactivité signe la dépendance. Les bienfaits à court terme de l'hyperactivité ont valeur de renforcement positif. On parlera plutôt de compulsion lorsque l'on cherche à éviter un état interne désagréable, ce qui correspond à un renforcement négatif. Goodman définit le « trouble addictif » (addictive disorder) comme l’association d’une dépendance et d’un comportement compulsif. Il concernerait les toxicomanies liées à l’utilisation d’une substance et les addictions comportementales.

L’addiction comportementale est un comportement conduisant à un plaisir et/ou à l’évitement d’un déplaisir, qui est reproduit répétitivement. On cite habituellement les conduites à risque, le jeu pathologique, l’addiction au travail, l’addiction à l’exercice physique, l’addiction aux achats, la kleptomanie, la nymphomanie, la pyromanie, la trichotillomanie et, bien sûr, les troubles de l’alimentation, qu’il s’agisse d’anorexie mentale ou de conduites alimentaires compulsives, comme la boulimie, l’hyperphagie boulimique, le carbohydrate craving ou la chocolatomanie.

Tous ces troubles peuvent être considérés comme des manifestations d'hyperactivité. Mais toutes les conséquences de l'hyperactivité ne sont pas négatives. William Glasser (1976) propose de distinguer du lot les « addictions positives », ces dernières étant par exemple socialement valorisées. C'est le cas de l’addiction au travail et de l’addiction à l’exercice physique.

1. L’addiction à l’exercice physique

course.gifL’addiction à l'exercice physique est fréquente en cas de TCA, mais non mesurée objectivement à ce jour. Elle semble fréquente dans l’anorexie mentale, pour donner le tableau décrit sous le nom d’anorexia athletica. Pour la norvégienne Sundgot-Borgen 1, on trouverait 6% d’anorexia athletica chez les athlètes dans les sports esthétiques (danse, gymnastique, patinage, culturisme…). Les signes habituellement retrouvés de l’anorexia athletica sont une perte pondérale supérieure à 5% du poids attendu, une absence de pathologie physique ou psychique expliquant la perte pondérale, une dysménorrhée ou une puberté différée, des problèmes gastro-intestinaux, une distorsion de l’image du corps avec une peur excessive de devenir obèse, une lipophobie, une restriction à la fois énergétique et cognitive, l’utilisation de méthodes de contrôle pondéral (vomissements, laxatifs, diurétiques) et bien sûr l’exercice compulsif.

L’anorexia athletica peut être une addiction positive : Aya Cissoko, boxeuse, championne amateur de France et du Monde en 1999, 2003, 2006, mais aussi diplômée de Sciences Po, écrivaine et Grand Prix de l’héroïne Mme Figaro en 2011, en est un exemple : « Depuis mes 9 ans, âge auquel j'ai débuté la compétition, le poids est ma hantise » ; « ma vie en salle de boxe s'est souvent résumée à suer puis me peser. Je devais m'astreindre à tenir ma catégorie de poids tout au long de l'année, une catégorie qui ne correspondait pas à mon poids de forme, celui que j'aurais pu conserver si j'avais fait de la pétanque. » (Interview, octobre 2011).2 On constate aussi, à considérer le parcours de cette jeune femme, qu’elle n’est pas hyperactive seulement dans le domaine sportif.

Elisabeth Grousselle, médaille de bronze aux championnats d'Europe en salle en 2002, demi-finaliste des Jeux olympiques d'Athènes en 2004, détentrice du record de France en salle du 800 m dit : « J'ai commencé à pratiquer l'athlétisme à 17 ans, au moment où je suis devenue anorexique. Je me suis inscrite dans un club pour maigrir, pas pour faire de la compétition. Je pensais que le sport était le seul moyen de perdre quelques kilos. Ce n'est que plus tard que j'ai découvert mes capacités physiques. Je suis resté dans la honte de ma maladie pendant 15 ans, toute ma carrière. Je n'en ai jamais parlé. » (Interview, octobre 2012).3

L'addiction à l'exercice physique ne se rencontre pas que chez les sportifs de haut niveau. Une étude de Michel Lejoyeux4 montre que 42 % des membres d'un club de remise en forme parisien répondent aux critères de la dépendance à l'exercice physique. Les personnes dépendantes à l'exercice physique s'entraînent plus longuement et plus souvent que la moyenne. Elles fument moins, mais consomment autant d'alcool que les autres. Elles présentent plus fréquemment une tendance aux achats compulsifs (63% vs 38%), à la boulimie (70% vs 47%), à l’addiction aux écrans (3,9 heures/j au lieu de 2,4) que la population non dépendante.

2. Que recherche l’hyperactif ?

 

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L'équipe de l'association Autrement

 

 

6. Bibligraphie

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1 Sundgot-Borgen J., Torstveit MK. Prevalence of eating disorders in elite athletes is higher than in the general population. Clin J Sport Med. 2004 Jan;14(1):25-32
2 Chapelot D. Troubles du comportement alimentaire chez les sportifs. Cours pour la capacité de médecine et biologie du sport, Université Paris 13, 2012-2013
3 Chapelot D. op cit.
4 Lejoyeux M., Avril M., Richoux C., Embouazza H., Nivoli F.Prevalence of exercise dependence and other behavioral addictions among clients of a Parisian fitness room. Comprehensive Psychiatry 49 (2008) 353–358
5 Barlow DH et Allen L.B. The scientific basis of psychotherapy treatments for anxiety disorder : past, present and future. In J.M. Gorman (Ed.) Fears and anxiety : benefits of translational research. Washington DC : Am. Psych. Press. 2007
6Hahusseau S. La régulation des émotions. http://www.anxiete-depression.org/files/congre/S-HAHUSSEAU.pdf
7 Hahusseau S. Tristesse, peur, colère, agir sur les émotions. Ed. Odile Jacob, Paris, 2006
8 Apfeldorfer G. Thérapies émotionnelles de la 3e vague et obésité. Communication aux Rencontres du GROS, Paris, 2010. http://www.gros.org/le-gros/les-rencontres-du-gros/rencontres-2010/abstracts-et-videos-du-congres
9 Kabat-Zinn J. Au cœur de la tourmente, la pleine conscience. De Boeck Ed, Bruxelles, 2009
10 Segal et coll. La thérapie basée sur la pleine conscience pour la dépression, De Boeck, Bruxelles, 2006
11 Hayes, S. C., Strosahl, K., & Wilson, K. G. Acceptance and Commitment Therapy: An experiential approach to behavior change. New York: Guilford Press, 1999.
12 Zermati J-P, Apfeldorfer G. Clinical Description of Cognitive Restraint and its Practical Consequences. In Trends in Obesity Research, Nova Biomedical Books, Peter R. Ling (Editor), 2004. 179-210 ISBN: 1-59454-142-6
13 Herman CP, Polivy J. Anxiety, Restraint and Eating Behavior. J. of Abnormal Psychol. 1975, vol 84 N°6, 666-672
14 Apfeldorfer G., Zermati JP. La restriction cognitive face à l'obésité, histoire des idées, description clinique. La Presse Médicale, 2001, 30, 32, 1575-1580.

 

6. Bibligraphie

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1 Sundgot-Borgen J., Torstveit MK. Prevalence of eating disorders in elite athletes is higher than in the general population. Clin J Sport Med. 2004 Jan;14(1):25-32
2 Chapelot D. Troubles du comportement alimentaire chez les sportifs. Cours pour la capacité de médecine et biologie du sport, Université Paris 13, 2012-2013
3 Chapelot D. op cit.
4 Lejoyeux M., Avril M., Richoux C., Embouazza H., Nivoli F.Prevalence of exercise dependence and other behavioral addictions among clients of a Parisian fitness room. Comprehensive Psychiatry 49 (2008) 353–358
5 Barlow DH et Allen L.B. The scientific basis of psychotherapy treatments for anxiety disorder : past, present and future. In J.M. Gorman (Ed.) Fears and anxiety : benefits of translational research. Washington DC : Am. Psych. Press. 2007
6Hahusseau S. La régulation des émotions. http://www.anxiete-depression.org/files/congre/S-HAHUSSEAU.pdf
7 Hahusseau S. Tristesse, peur, colère, agir sur les émotions. Ed. Odile Jacob, Paris, 2006
8 Apfeldorfer G. Thérapies émotionnelles de la 3e vague et obésité. Communication aux Rencontres du GROS, Paris, 2010. http://www.gros.org/le-gros/les-rencontres-du-gros/rencontres-2010/abstracts-et-videos-du-congres
9 Kabat-Zinn J. Au cœur de la tourmente, la pleine conscience. De Boeck Ed, Bruxelles, 2009
10 Segal et coll. La thérapie basée sur la pleine conscience pour la dépression, De Boeck, Bruxelles, 2006
11 Hayes, S. C., Strosahl, K., & Wilson, K. G. Acceptance and Commitment Therapy: An experiential approach to behavior change. New York: Guilford Press, 1999.
12 Zermati J-P, Apfeldorfer G. Clinical Description of Cognitive Restraint and its Practical Consequences. In Trends in Obesity Research, Nova Biomedical Books, Peter R. Ling (Editor), 2004. 179-210 ISBN: 1-59454-142-6
13 Herman CP, Polivy J. Anxiety, Restraint and Eating Behavior. J. of Abnormal Psychol. 1975, vol 84 N°6, 666-672
14 Apfeldorfer G., Zermati JP. La restriction cognitive face à l'obésité, histoire des idées, description clinique. La Presse Médicale, 2001, 30, 32, 1575-1580.