Anorexie, boulimie, compulsions alimentaires : l'association peut vous aider à voir les choses Autrement

Anorexie Boulimie Compulsions
Définitions, physiopathologie, épidémiologie et maladies associées Cas clinique et complications Traitement Autre TCA Les études scientifiques
Anorexie et boulimie : caractéristiques comparatives de 238 patients hospitalisés Détérioration de la qualité de vie dans l'anorexie mentale et la boulimie Intérêt du e-coaching dans l'anorexie mentale et la boulimie Scores de détérioration de la qualité de la vie (QUAVIAM) Difficultés de ressenti au repas chez les malades anorexiques Efficacité de la sonde gastrique à domicile chez 118 patients souffrant de boulimie Évolution de l'IMC entre 2 et 10 ans : facteur de risque à l'adolescence ? Les inducteurs de crises dans la boulimie et les compulsions alimentaires Pronostic à 10 ans dans l'anorexie mentale Risque de faire de la boulimie en cas d'anorexie mentale Sonde nasogastrique et boulimie : étude scientifique Tabagisme et trouble alimentaire : le lien Traitement de l'anorexie mentale par nutrition entérale de complément : suivi à 12 mois Valeur pronostique dans l'anorexie mentale Télévision et compulsions alimentaires
Obésité Nutrition Alimentation

Télévision et compulsions alimentaires

Pr D. RIGAUD (CHU Dijon - Président d'Autrement)

Plusieurs études scientifiques suggèrent qu’il existe un lien entre nombre d’heures passées à regarder la télévision et surpoids ou obésité. Ce lien n’est pas totalement compris. De plus, certaines études l’ont trouvé et d’autres non.

En première analyse, il parait logique d’accuser la télévision de « faire grossir ». En effet, quand on regarde la télévision, on ne bouge pas, on ne fait pas de sport. Dépensant moins d’énergie, on grossirait donc obligatoirement. Cependant, les faits doivent être plus compliqués, car rares sont les personnes qui bougent le soir, même si elles ne regardent pas la télévision. D’autre part, il existe de nombreuses personnes qui regardent la télévision et qui n’ont aucune tendance à prendre du poids.

Dans un autre ordre d’idée, la télévision peut être considérée comme un objet distributeur d’images et de son, dans des programmes souvent prenant qui favorisent la « déconnection » de la personne avec son environnement d’une part et ses cognitions d’autre part.

Il est clairement établi par exemple que des personnes qui parlent ensemble sont moins attentives aux autres et à ce qu’ils disent, si la télévision fonctionne ! On peut considérer ceci comme une perte de contrôle de soi (la politesse veut qu’on écoute l’autre par exemple).

Il était donc intéressant de voir si des personnes qui se soumettent à un régime hypocalorique pour perdre du poids (appelé ci-dessous « régime ») sont plus enclines à souffrir de compulsions alimentaires si elles regardent la télévision que si elles ne la regardent pas.

C’est ce qu’ont cherché à savoir Burmeister et Carels (USA) chez 116 patients adultes ayant décidé de suivre un régime et suivis par l’équipe médicale. Il s’agissait de femmes avant tout (74 %), d’un âge de 45 ans (extrêmes : 18 – 73 ans). Leur indice de masse corporelle (IMC) était de 38,5 kg/m2 (extrêmes : 27 – 64). Ces patients ont été suivis 18 semaines (4,5 mois) en moyenne. Dans l’ensemble, ils ont regardé la télévision 28 h/semaine (4 h/j, avec des extrêmes de 21 à 35 h/sem). On a analysé leur comportement alimentaire : tendance aux compulsions alimentaires, suivi du régime, insatisfaction corporelle, vision négative de son corps, état dépressif, activité physique et évolution de l’IMC.

Les chercheurs de cette étude ont mis en évidence que les personnes qui regardaient le plus la télévision étaient celles qui avaient le plus de compulsions alimentaires pendant l’étude. De même, le nombre d’heures passées devant la télé était corrélé à l’insatisfaction corporelle et à l’état dépressif.

L’idée serait que ces personnes ont une tendance plus nette à se dévaloriser et, donc, à se réfugier dans les compulsions alimentaires et la télé. La télé, comme facteur de désinhibition, pourrait induire un laisser-aller qui nuirait au suivi du régime.

Cette étude apporte des éléments intéressant pour analyser les facteurs qui favorisent les compulsions alimentaires chez la personne au régime.

On sait que les personnes qui suivent un régime ont des compulsion alimentaires dans 15 à 35 % des cas. Ces compulsions alimentaires sont corrélées à la sévérité du régime (plus le régime est strict, sévère et monotone, plus les compulsions sont fréquentes) et à sa durée (plus le régime dure, plus les compulsions apparaissent).

Pour autant, le besoin de se restreindre fortement (appelé « restriction cognitive ») n’est pas le seul facteur.

D’autres facteurs interviennent, notamment dans le domaine de la désinhibition : soumises à une « tentation », certaines personnes lâchent et d’autres non. Il se pourrait donc que la télé soit un facteur de désinhibition chez des femmes d’âge moyen cherchant à maigrir en se soumettant à un régime hypocalorique.

Publié en 2014