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La relation à l'autre

Le malade ne connaît pas l’Autre. Il ne peut connaître autrui. A l’inverse, personne ne peut comprendre, connaître un malade souffrant de TCA.

Déjà, il ne se connaît. C’est un combat permanent, une lutte sans fin contre soi-même. Qui suis-je ? ‘To be or not to be : that’s the question’. Quel est cet autre en moi que je découvre jour après jour ? Cette petite vermine qui m’empoisonne ? Cette araignée dont je ne peux sortir. Toujours, une voix murmure à une autre : conflit interne, dédoublement de la personnalité.

Ambiguïté.
Le malade voudrait qu’on le laisse tranquille. Je vais bien, ne vous en faites pas tant pour moi. Comment peut-il aller bien avec ses os saillants, ces chasses d’eau tirées, cette nourriture dissimulée ?
C’est bien connu, l’entourage se porte mal avec tous ces regards, ces interrogations… Le malade, lui va bien. Du moins, il le dit mais quelque part, il sait que l’entourage a raison. Le malade souffre de le savoir. A quoi bon le lui répéter ?
Il voudrait parler, mais parler de quoi ? Comment exprimer ces incompréhensions, cette dualité. Demander si l’autre va bien mais comment ?
Comment s’intéresser à autrui ? Tout semble fermé.
Toute communication est faussée. Les rapports ne peuvent être que faux, éventuellement superficiels.
‘As-tu bien dormi ?’ Quelle question ! Comment oser la poser ? Le malade ne dort pas ou mal ou si peu, rongé par la maladie qui ne le quitte jamais. Les parents pleurent de voir leur enfant ainsi, le frère, la sœur, tout autant. 1er moment de la journée à fuir. Se taire, faire semblant afin d’éviter un conflit, un non-dit, un mal dit, un trop dit.

Le malade sait que l’on cache sa maladie. L’anorexie, la boulimie : la honte !!! Ce n’est pas une maladie que l’on soigne avec un traitement. La médecine traditionnelle se trouve dans l’embarras : que faire ? Les parents n’osent pas avouer la maladie de l’enfant. Ils se sentent coupables, responsables. Ils cachent leur enfant. Ils ont peur d’être jugé, mis à part de la société. Qu’ont-ils fait de mal ? Rien. Le malade ressent cette mise à l’écart, en souffre. Lui, qui aurait tant besoin d’être entouré est seul, très seul. Il se sent rejeté de la société par ses propres pairs.

Dans le monde, des gens meurent de faim. Partout, de tous temps. Le malade est loin de ça. Il pense aux calories, à la prochaine crise, au poids à perdre ou gagner. Tout se complique. Pour la majorité des gens, un yaourt est un yaourt. Si c’était si simple. Que choisir : pêche, framboise, nature ? Dilemme. Choix difficile qui peut occuper l’esprit des heures. Anticiper, prévoir, calculer les repas, le sport : réussir ou échouer. La vie du malade est réduite à ça. Comment alors, penser en termes sains, réels à cette population qui souffre du manque de nourriture ?

Aucun malade ne peut aller à la rencontre. Il pense que si. Mais non !!! Impossible d’aimer, de partager, d’échanger si les chaînes de la maladie ne sont pas encore brisées, détruites complètement. Il ne doit rester aucune trace de cette maudite dépression. Une fois libre, libéré, de tout esclavagisme, c’est possible ; pas avant. Cette liberté se gagne. C’est long. Certes, le verdict de la balance pèse. Mais ce n’est pas tout. Le rapport à la nourriture doit s’être allégé : ne plus se ronger les sangs. Déculpabiliser si un jour une erreur survient : crise, trop plein, restriction… Il faut aussi se sentir bien, à l’aise, dans son corps. Oui, je m’aime tel que je suis. Maintenant, je peux m’intéresser aux autres, voire aimer. Mon corps peut plaire, attirer les regards et bien plus. Je suis prête, je n’ai plus peur de moi. Ceci est d’autant plus difficile quand le malade a subi un viol. La victime se doit de surmonter ses troubles passés, ses nuits de cauchemars. Une fois des étapes franchies, un travail long sur soi-même, avec le temps, la confiance en soi, en l’autre revient !!! Bien sûr, tout le monde ne peut être cet Autre. Il se doit d’accepter un passé si douloureux. Il ne peut être thérapeute. Il n’a pas à tout savoir. Quelques pistes, données suffisent. Il faut aller de l’avant, regarder vers demain, de nouveaux horizons, à deux.

Il faut être capable de tourner des pages. Seul le malade sait qu’il est guéri à jamais. Il peut faire peur car l’entourage ne le croit pas. Il ne peut plus. A jamais, les parents, la fratrie, les proches craignent. Ca ne les quitte pas, jamais. L’ancien malade le voit, ça se sent. Il se doit d’être fort pour faire face à ces regards, ces mots, ces rappels, ces recommandations. Passer outre. Ne pas écouter. La relation est changée. De nouveaux liens se créent. Chacun doit trouver sa place .Certains rapports s’inversent. On se retrouve différent. Le malade, l’enfant a vécu, vaincu. Il a gagné contre la maladie. Il sait qu’il peut tout. Il faut alors prendre le large sur ces paroles qui parfois détruisent, brisent le cœur du guéri. Faites-moi confiance, je vais bien. Est-ce si difficile à croire ? Nécessité de prendre le large, rompre les amarres sans oublier son port d’attache.


Publié par Flora en 2009