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Alli, la pilule qui fait maigrir !

Les laboratoires pharmaceutiques Glaxo-Smith and Kline (GSK) commercialisent un nouveau médicament pour maigrir, l’Alli®. Ce médicament sera en vente libre en France, comme il l’est dans de nombreux pays, en particuliers dans certains pays d’Europe.

Ce médicament est connu. Le principe actif en était contenu dans un médicament appelé Xénical®, qui contenait 120 mg. Pour être actif, ce médicament devait être pris 3 fois par jour, au moment des repas.

L’action de cet ancien médicament avait été bien documentée : la substance active, l’orlistat, est un compétiteur de la lipase, une enzyme digestive qui permet la digestion des graisses et donc ensuite leur absorption. La lipase est une enzyme qui se lie avec les sels biliaires et, couplée avec eux, « découpe » littéralement les lipides (les graisses) alimentaires qui sortent de l’estomac. La lipase est une enzyme fabriquée par le pancréas.

La lipase est-elle utile chez l’homme ? Oui, on sait qu’en cas de maladie pancréatique (comme la pancréatite chronique alcoolique ou la mucoviscidose), les malades ont une diarrhée faite de selles très grasses, collantes, semi-liquides, pâteuses et fréquentes. Lorsqu’on dose le contenu de ces selles, on observe qu’elles sont riches en lipides. Ces malades peuvent perdre 20 à 30 g de lipides par jour dans leurs selles (une alimentation normale apporte 70 à 90 g de lipides).

Ces malades maigrissent-ils ? Oui, les malades qui souffrent d’une insuffisance pancréatique exocrine maigrissent : ils perdent en moyenne 10 kg, de 5 à 15 kg pour environ 85% d’entre eux. Ils deviennent maigres. Mais il faut noter que ceux qui sont les plus maigres sont aussi ceux qui mangent peu.

L’orlistat inhibe-t-il la digestion des lipides ?
Oui, des études très sérieuses ont montré que l’orlistat entraînait une maldigestion des graisses : les graisses alimentaires, alors maldigérées, terminaient leur parcours dans les selles. Les personnes qui prenaient ce médicament avaient de la diarrhée, parfois assez liquides et « urgentes » pour certains patients. Ceci était obtenu à la dose de 120 mg 3 fois par jour.

Y a-t-il eu des effets secondaires néfastes ? En fait, assez peu. Si l’on excepte les personnes qui ne pouvaient pas supporter d’aller sans arrêt à la selle et de faire « en urgence », les médecins qui ont testé cet ancien médicament ont vu peu d’effets ennuyeux. Il y a eu de rares cas de déficit en vitamines liposolubles (vitamines A, D, E et K). Le médicament restant dans le tube digestif, on n’a pas observé d’effets embêtant ailleurs.

Donc, le nouveau médicament, celui qui est en vente sans ordonnance est efficace et sans danger ?
Je dirais que selon toute vraisemblance, à la dose proposée (60 mg par prise), il a toute chance d’être bien toléré et de n’entraîner aucun effet ennuyeux chez les gens qui sont en surpoids.

Non, le problème est ailleurs. Chez les personnes qui ne consomment que très peu de graisses alimentaires, parce qu’ils ne mangent pas gras, ne mettent pas de matières grasses (beurre, margarine, huile) et ne mangent pas d’aliments gras, l’orlistat n’a aucune chance d’être efficace et de les faire maigrir, puisqu’il ne fait maigrir que les gens qui mangent gras ou trop gras.

D’autre part, à la dose proposée par comprimé, l’efficacité est incertaine, voire mineure, car l’effet, comme pour tout médicament, est lié à la dose. Il est à peu près certain que la dose sera insuffisante chez beaucoup de gens.

Il y a tout de même un risque
 : c’est celui de l’auto-médication. Je ne suis pas pour, pour deux raisons :

  • La 1ère est que certaines personnes vont abuser de ce médicament. On sait que certains médicaments, lorsque prescrits seulement sur ordonnance, ne sont pas dangereux, alors qu’ils le deviennent parfois sinon. Et puis, si on double la dose, on risque ici de se faire emm... Au sens propre du terme, ce qui n’est pas toujours compatible avec une vie sociale et professionnelle épanouie.
     
  • La 2ème est plus importante. Il serait erroné de croire que ce médicament, seul, peut induire un amaigrissement suffisant et durable. Le traitement de l’obésité est une affaire de longue haleine, de toute une vie, qui implique un gros travail comportemental, un changement des habitudes. Le médicament, quel qu’il soit, ne fait pas ça. Il aide, il appuie la démarche, tout au plus.

Dans le traitement du surpoids, et on le voit bien depuis 20 ans, il n’y a pas de miracle !

 

Publié en 2009