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Diététique & Nutrition

Les 10 règles de la compulsion alimentaire


Hélène PENNACCHIO, Association Autrement (Dijon)

1. Comment oser changer et s'en sortir ?

La compulsion alimentaire est un trouble du comportement dont l'origine s'inscrit le plus souvent dans des régimes amaigrissants, trop restrictifs, inadaptés, mal compris.

Trois facteurs participent à la genèse des compulsions :

  1. la pression sociale de minceur
  2. le manque de confiance en soi,
  3. les conséquences métaboliques et comportementales de tous régimes trop restrictifs.

Attention, vos malades vous cacheront la plupart du temps qu'il font des compulsions alimentaires. Sachez donc les dépister.

2. Les 10 règles

N°1. Sachez dépister la compulsion : parce qu'elle en a honte, la malade la cache. Elle vient consulter parce que son poids est en constante variation, parce que les régimes ne " marchent pas ", parce qu'elle fait des malaises après ou en dehors des repas, malaises qu'elle attribue à une hypoglycémie.

N°2. La crise de compulsion alimentaire est la consommation en un temps assez court d'une quantité assez importante d'aliments choisis, sans faim réelle, avec une connotation de plaisir, suivi d'un sentiment de perte de contrôle. Il y a honte, dégoût de soi. La crise n'est en général pas suivie de vomissements.

N°3. La compulsion alimentaire n'est pas la boulimie. Le sentiment de perte de contrôle est le même, mais il n'y a pas de souci de maintenir un poids normal bas. Donc la malade grossit. Il n'y a pas non plus de manipulation du poids : vomissements, laxatifs, anorexigènes, diurétiques.

N°4. La compulsion touche avant tout les femmes (60 à 70 % des cas). La tranche d'âge est très étendue, de 15 à 60 ans.

N°5. Ce qui caractérise la compulsion pathologique c'est à la fois la quantité ingérée et les conséquences métaboliques et mentales qui en résultent : manger sans faim, avec plaisir, un paquet de gâteau entier n'est pas une maladie si le sujet ne grossit pas et le fait sans culpabilité. La compulsion maladive, elle, déstabilise les malades par ailleurs instables et conduit à l'obésité.

N°6. Conséquences métaboliques : la compulsion se fait le plus souvent au dépens d'aliments sucrés-gras (petits gâteaux), gras-sucrés (chocolat), gras-salés (fromage). Il en résulte une diminution de l'oxydation du glucose, donc un surplus de réserves glycogéniques (foie et muscles), et lipidiques (tissu adipeux), une diminution de la sensibilité à l'insuline (voire une insulino-résistance), une rétention hydrosodée (3 à 4 g d'eau/g de glycogène stocké) et un hyper aldostéronisme.

N°7. Conséquences mentales : la compulsion génère plaisir et culpabilité, dépendance et trouble de l'humeur, instabilité et troubles du sommeil. Du fait de la prise de poids qu'elles occasionnent souvent, les compulsions vont conduire à une dévalorisation de soi et à un renforcement de la culpabilité.

N°8. Sachez valoriser les petites victoires : diminuer par deux le nombre de ses crises, c'est déjà très bien. La compulsion alimentaire est une conduite addictive : 9 malades sur 10 veulent s'en sortir et 8 " craquent " au cours de la thérapie ! N'abandonnez pas : " 20 fois sur le métier remettre votre ouvrage ... ".
Indiquez leur un plan de guérison : sortir la tête de l'eau, décider d'agir, acter sa décision, se donner les moyens du combat (travail, méthode), persévérer.

N°9. Aider les malades à prendre conscience de ce qu'ils vont perdre en lâchant les compulsions alimentaires et de ce qu'ils vont y gagner.
La compulsion alimentaire est un moyen de lutter contre l'ennui, de meubler sa solitude. C'est une dépendance (toxicomanie), c'est un refuge contre son manque de confiance. C'est, dans une certaine mesure, un acte " érotisé " (immédiateté et avidité d'un plaisir sans limite).
" Lâcher " la compulsion alimentaire, c'est retrouver la confiance en soi, c'est avoir un autre regard sur son poids.

N°10. Les traitements psychotropes : certains compulsifs sont dépressifs. Mais pas tous. Sachez évaluer l'humeur. Les traitements antidépresseurs ont peu d'effet en moyenne sur la fréquence et l'ampleur des crises. Ne les employez qu'à bon escient.

 

Publié en 2002