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Obésité et risque de cancer

L’obésité et le surpoids sont définis en pratique par l’indice de masse corporelle, c’est à dire le poids divisé par le carré mathématique de la taille corporelle : Poids (kg) / (taille [m])2. Les médecins et les scientifiques définissent le surpoids et l’obésité, tout comme la maigreur et la dénutrition, de la façon suivante :

Indice de masse corporelle (kg/(m)2

Etat du poids
chez l’adulte [plus de 18 ans]

Inférieur à 16

Dénutrition sévère

16 à 18

Dénutrition modérée

18 à 19

Maigreur

De 18,5 à 25

Poids normal

De 25 à 30

Surpoids (sans obésité)

De 30 à 35

Obésité modérée

De 35 à 40

Obésité moyenne

Plus de 40

Obésité sévère (morbide)

 En fait, l’obésité représente plus précisément l’association d’un excès de poids et d’un excès de problème de santé et de mortalité : ce n’est pas parce qu’ils sont trop gros qu’on dit ces personnes obèses, mais parce qu’ils sont exposés à des risques de santé liés à leur excès de poids.

On sait depuis longtemps que l’obésité expose par exemple au diabète, à l’excès de graisses dans le sang, appelé hypertriglycéridémie, à la baisse de cholestérol HDL, à l’hypertension artérielle et aux accidents vasculaires cardiaques (infarctus du myocarde notamment).

Les malades savent aussi depuis longtemps que le surpoids et l’obésité sont mauvais pour leurs articulations des jambes (hanche, genoux) et pour leur capacité respiratoire (ils s’essoufflent plus vite). Ils savent moins que l’obésité, si elle touche surtout le tronc et le ventre, expose à des problèmes respiratoires parfois préoccupants (syndrome d’apnée du sommeil, où la personne fait des pauses respiratoires nocturnes).

Depuis quelques années, certaines études dites d’observation avaient relevé une bien curieuse association : les personnes obèses avaient plus de cancer du gros intestin (colon) que les gens qui n’étaient pas obèses. Mais il est vrai que ces études n’avaient pas convaincu : on ne voyait pas pourquoi ; surtout, on avait comparé des obèses à l’instant « t » à des personnes non obèses. Rien ne prouvait donc qu’un autre facteur ne soit venu perturber les résultats.

L’étude autrichienne de Rapp et collaborateurs parue en 2005 dans l’une des plus sérieuses revues scientifiques dédiées au cancer, le British Journal of Cancer, enfonce le clou.
Elle est beaucoup plus convaincante, parce qu’elle est ce qu’on appelle « prospective ». En d’autres termes, on a demandé leur accord à des personnes de toutes les catégories de poids pour être suivies pendant au moins 10 ans.

Cette population, qui habitait l’ouest de l’Autriche, comportait des hommes et des femmes, de différentes tranches d’âge et de classes socio-professionnelles. Pas moins de 167.371 personnes ont été incluses dans cette étude et ont été suivies en moyenne 9,9 ans. Fait important, l’analyse n’a porté que sur les personnes qui n’avaient pas maigri récemment, qui n’avaient pas d’antécédent de cancer ou de cancer au début de l’étude, d’où qu’il soit. Ces personnes devaient être au début âgés de plus de 40 ans.
Ceci a permis d’étudier plus particulièrement un groupe énorme de personnes des deux sexes : 145.931 personnes de 42 à 96 ans. Dans cette étude démarrée en 1985, 32% avaient un surpoids, 8,4 % une obésité modérée et 2,2 % une obésité moyenne ou sévère ; 57 % avait un IMC normal (entre 19 et 25).

La figure ci-dessous illustre l’augmentation de la fréquence des cancers du gros intestin (colon), du rectum (fin du gros intestin, juste avant l’anus), du pancréas (une glande digestive qui permet la digestion des aliments et la combustion du sucre grâce à l’insuline qu’il sécrète), du foie, de l’utérus et des lymphomes (espèce de cancer des ganglions).

obesite_cancer.png

Dans ce schéma, les colonnes bleues représentent le risque de référence, c’est à dire celui de la population de poids « normal » (IMC entre 19 et 25 kg/(m)2). Un risque relatif de 1,56 (pour le cancer du colon par exemple) signifie une augmentation de 56 % chez les personnes obèses, par rapport aux personnes de poids normal.

Chez la femme, l’augmentation d’incidence du cancer du colon, du rectum, du pancréas et du foie n’apparaissait pas. En revanche, le surpoids et l’obésité étaient associés à une augmentation d’incidence du cancer de l’endomètre : RR = 1,29 pour le surpoids, RR = 2,13 pour l’obésité modérée et RR = 3,93 pour l’obésité moyenne à sévère. De même, une augmentation du risque de lymphome non Hodgkinien était notée : RR = 1,64 pour le surpoids et RR = 2,86 pour l’obésité (P<0,002 pour les deux).

Ceci peut paraître beaucoup mais en fait (et heureusement) ne l’est pas tellement : 6241 cancers ont été découverts en 10 ans chez 145.000 adultes autrichiens, soit 4,3 %. En tout, sur 10 ans, 1890 cancers du colon ont été trouvés, dont 510 chez les personnes de poids normal, 584 chez les gens en surpoids et 795 chez les personnes qui étaient obèses (soit + 285 en 10 ans, soit environ + 28 par an en plus). Pour mieux pouvoir comparer, rappelons que le fait d’avoir un contexte familial de cancer du colon expose les gens à multiplier par 5 le risque : ils ont donc un risque relatif de 5, soit augmentation de 400 % par rapport à ceux qui n’ont pas de cancer du colon dans leur famille.

Cette étude vient confirmer une étude faite aux USA et une autre faite en Corée sur plusieurs centaines de milliers de personnes.

On peut donc en conclure que l’obésité est un des facteurs de risque de développer un cancer du colon, du rectum et du pancréas chez l’homme et de cancer de l’utérus et des ganglions chez la femme.
Donc ce ne sont pas non plus tous les cancers. Seulement quelques uns. Le point important est qu’une étude qui vient de paraître des auteurs autrichiens suggère que la perte de poids chez les personnes obèses s’accompagne d’une diminution du risque.