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Alicaments : mythes et réalités


Pr D. RIGAUD - Président d'Autrement

1. Aliment-médicament

Résumé : Un nouveau type de produits est né de l’imagination fertile des publicitaires : les alicaments. Dérivé de « aliment » et « médicament », à l’interface entre santé et alimentation, ces « objets alimentaires » nous sont proposés pour flatter nos papilles et notre assurance contre la maladie et la mort... Ils nous soigneraient… et « en plus c’est bon ». L’idée est excellente, mais pas nouvelle. La réalité scientifique est, elle, mitigée. Il ne fait aucun doute que certains nutriments (les éléments nutritifs de nos aliments) ont une valeur ajoutée santé et que la science et l’industrie peuvent nous les mettre dans l’assiette. Certains sont indéniablement actifs, d’autres indiscutablement sans intérêt. Ils doivent être pensés enfin par le consommateur en fonction de son âge et de son état de santé. Car il n’y a pas, et il n’y aura jamais, un alicament suffisant (à lui seul) et utile à la santé de tous !

Jus de fruits multivitaminés et enrichis en calcium, céréales enrichies en fibres, yaourts au bifidus actif, œufs ou saucisson aux acides gras oméga 3... sont venus enrichir notre palette alimentaire dans les supermarchés depuis quelques années. A chaque fonction potentiellement défectueuse de l’organisme correspondrait un alicament qui est censé la réparer, l’améliorer, voire même empêcher qu’elle ne se dégrade.

En fait, les deux fonctions principales de l’alimentation sont de se nourrir et de partager, avec d’autres gens, une fonction à la fois vitale et hédonique (qui donne du plaisir). Mais faire en sorte que cette fonction nous aide dans une hygiène de vie globale n’est pas une idée neuve : Hippocrate a pu dire que l’alimentation était notre 1ère médecine. Les avancées majeures de la biologie, de la médecine et de la génétique nous permettent de mieux percevoir aujourd’hui les mécanismes qui régissent les relations entre les aliments, les nutriments qu’ils contiennent et le fonctionnement de l’organisme. Reste à prouver que certains aliments « fonctionnels » améliorent réellement telle ou telle fonction et possèdent une action bénéfique.

En fait, certains nutriments (les éléments nutritifs de nos aliments) qui semblaient avoir un effet protecteur au sein de nos aliments, se sont révélés sans intérêt, lorsque donnés seuls. L’exemple le plus frappant fut la tentative de prévention du cancer du poumon chez les fumeurs par les vitamines anti-oxydantes (vitamines C, A et E). On savait que la fumée est oxydante et que ceci majore le risque de cancer du poumon. On savait aussi que les fruits et légumes contenaient beaucoup de ces vitamines et qu’en consommer 5 fois par jour (d’où la publicité) diminuait le risque de cancer du poumon.

En fait, deux études regroupant 30.000 personnes (dont 30 % de fumeurs) ont montré sans ambiguïté que ces vitamines, prises en comprimés, ne diminuaient en rien le risque. L’une d’elles l’a même trouvé augmenté.

Autre exemple, une certaine marque bien connue a communiqué sur le fait que ses yaourts réduisaient la constipation. En fait, cette assertion repose sur le résultat, pas franchement miraculeux par ailleurs, d’études portant sur un très petit nombre de sujets en condition particulière. Pour la plupart des gens, les yaourts sont sans effet sur la constipation.

Nous manquons, dans l’ensemble, à ce point de preuves que l’Europe a interdit aux entreprises vendant des alicaments de communiquer (allégations) sur le fait que le produit prévenait, traitait ou guérissait des maladies humaines.

Pour autant, le débat n’est pas mort. Notre alimentation s’appauvrit dans un certain nombre de cas, faute d’argent (milieux pauvres) ou du fait de restrictions alimentaires (« régimes » mis en place face à la réduction de l’activité physique). Il est donc nécessaire de penser à des aliments nouveaux, adaptés à notre mode de vie nouveau. Certains chercheurs tentent de faire fabriquer à des bananes des substances apparentées à un vaccin qui seraient efficaces contre les diarrhées infectieuses observées dans des pays chauds. Ces "vaccins-fruits" pourraient être facilement produits, être bon-marché.

En conclusion, une alimentation réussie est un tout où chaque nutriment doit avoir sa place dans les apports journaliers ou hebdomadaires. Les alicaments peuvent s’inscrire dans cette politique santé, où une alimentation variée et équilibrée (c’est à dire harmonieusement pensée entre plaisir et pondération) est à même d’optimiser notre capital santé.

Publié en 2012