« Obésité » est un terme qui a souvent, pour les gens, une connotation péjorative. En fait, elle se définit comme un excès de masse grasse, qui s’accumule dans le tissu adipeux, mais pas seulement, au fil des ans. On a dit « obésité » pour différencier cet état du « surpoids simple ». L’obésité est un état pathologique de longue durée (il se développe sur 5 à 10 ans souvent) qui est associé à une augmentation de la morbidité et de la mortalité.
Définition pratique : L’excès de tissu adipeux n’est pas facile à déterminer. On sait mesurer la masse de tissu adipeux, par exemple par un scanner ou une IRM (imagerie par résonance magnétique), mais ce sont des examens coûteux. De plus, nous ne disposons pas de normes, c’est à dire du poids de tissu adipeux à partir duquel le risque de santé s’accroît. C’est pourquoi la définition retenue par l’OMS a été plus pragmatique : elle repose sur le poids des personnes. Mais bien sûr, ce poids dépend de la taille ! On ne pèse pas le même poids (on n’a pas la même silhouette) si l’on mesure un mètre cinquante ou un mètre quatre-vingt. Tenir compte de la taille prise comme telle ne rendait pas compte de l’accroissement du poids. De plus, la seule chose qui intéressait les médecins et les assurances santé était le risque. Des modèles mathématiques mettant en relation les différents risques de santé (cf plus loin) et le « couple » poids – taille ont permis de voir que c’était l’indice de masse corporelle qui le situait le mieux. C’est pourquoi l’obésité y a été définie comme un excès de poids, en référence à la taille corporelle. On parle d’indice de masse corporelle (IMC ou body mass index en anglais, BMI).
L’indice de masse corporelle se calcule comme suit : le poids (kilos) divisé par le carré de la taille (en mètre). Ceci donne pour 1,65 mètre et 70 kg : IMC = 70 / (1,65x1,65) = 25,7 kg/(m)2. Grâce à l’IMC, on peut établir le risque de santé encouru (tableau 1).
(Sur ce site, vous trouverez une calculette qui vous permettra de calculer l’IMC de vos malades en temps réel.)
Tableau 1 : risque relatif* de mortalité après 20 ans pour des sujets de 40 ans
Classes |
IMC (kg/m²) |
Risque relatif |
Poids normal |
18,5 à 25 |
de référence (pas nul) |
Surpoids |
25-30 |
un peu augmenté (x 1,3) |
Obésité modérée |
30-35 |
augmente d’un facteur 1,5 à 2 ** |
Obésité sévère |
35-40 |
augmente d’un facteur 3 à 4 ** |
Obésité morbide |
40-50 |
augmente d’un facteur 5 à 6 ** |
Obésité très sévère |
> 50 |
augmente d’un facteur 8 à 10 ** |
* Le risque relatif est le risque de développer une affection donnée, quand on est obèse par rapport à une population qui ne l’est pas. ** Par rapport à des gens qui ont un IMC de 19 à 24. Attention : l’IMC prend le carré de la taille (m)2 et non une surface (m2).
Deux types d’obésité : D’un point de vue de la silhouette, il est deux types d’obésité bien distincts. Leurs conséquences sur le risque associé n’est pas le même : ni la fréquence de ces complications, ni le type de complications associées :
C’est un excès de masse grasse et de tissu adipeux avant tout localisé au dépens des fesses, des cuisses et du bas du ventre. Comme son nom l’indique, elle concerne surtout les femmes (neuf fois sur dix, ce sont des femmes qui ont ce type d’obésité). Quelques hommes (5 % environ des hommes obèses) développent ce type d’obésité. Elle touche avant tout les femmes avant la ménopause. En effet, à la ménopause, environ donc vers 50 ans, alors que la sécrétion des hormones féminines cesse, l’obésité change progressivement de type : de gynoïde, elle a tendance à devenir androïde. C’est un processus lent, qui se fait sur 5 ans environ.
Les conséquences : l’obésité gynoïde se complique des affections suivantes :
Elle est développée au dépens des masses du tronc, du cou et des viscères intra-abdominaux (mésentère notamment). Elle est abdominale et le profil en est facile à voir : un homme (dans 85 % des cas) avec un abdomen prédominant et des cuisses plutôt fines.
Les complications : Ce type d’obésité expose à des complications nombreuses à différents niveaux :
Les mécanismes des complications associées à l’obésité androïde
Ils sont connus :
Les triglycérides (TG) qui ont été synthétisés au niveau du tissu adipeux mésentérique sont peu stockables. Une lipolyse (découpage des graisses en leurs constituants) a donc tendance à se produire, avec relargage d’acides gras non estérifiés libres (AGL, c’est à dire non liés à des TG). Ces AGL rejoignent le foie en premier passage et modifient ses fonctions.
Une baisse, mal comprise encore, de l’adiponectine, une hormone du tissu adipeux, est favorable à l’augmentation des TG-VLDL et à la baisse du HDL-cholestérol (le bon cholestérol).
Une augmentation de la production d’insuline (hyperinsulinisme), avec à terme insulinorésistance, puis diabète (le sucre dans le sang ou glycémie, monte).
Ces facteurs vont induire une augmentation des substances trophiques vasculaires (hypertrophie musculaire artérielle), une hypercoagulabilité et une altération des pompes à sel (ATPase Na+-K+) responsable d’une HTA, qui elle même va accroître le risque cardiovasculaire.
C’est facile. Un mètre ruban suffit, Un simple centimètre de couturière. On doit prendre la circonférence de la taille (CT) et, au besoin, celle de la hanche (CH). Il faut prendre la circonférence idéalement à jeun, debout, dans l’axe du nombril, sans trop serrer, dans un plan horizontal. Ce n’est pas facile ni très reproductible, lorsque le médecin n’est pas entraîné. C’est pour cette raison que les études scientifiques où l’on veut une mesure très précise font appel au scanner ou à l’IRM au niveau d’une vertèbre lombaire choisie auparavant. On mesure alors la surface de tissu adipeux intra-abdominal.
En pratique clinique, la mesure de la CT permet néanmoins facilement de déterminer un seuil d’obésité androïde :
Circonférence de Taille (CT) : obésité androïde si, au nombril, CT > 90 cm chez la femme CT > 100 cm chez l’homme
A noter : le surpoids, lorsqu’il est nettement androïde, est en lui-même, en tout cas chez des personnes à risque (risque familial), un facteur de risque cardiovasculaire et métabolique.
Publié en 2007