Pr D. RIGAUD - Président d'Autrement
Les fibres sont des polysaccharides non amylacés. Elles proviennent du monde végétal (céréales, fruits et légumes, légumes secs, crudités, tubercules). Mélanges complexes de glucides (oses, holosides et hétérosides), elles résistent en partie aux enzymes digestives humaines. Elles ne sont dégradables chez l’homme que par les bactéries intestinales.
On distingue deux groupes de fibres : celles qui sont insolubles dans l’eau et celles qui forment avec l’eau des gels visqueux (fibres solubles).
1. La cellulose (polymère de glucose) : constituant de base de la paroi des cellules végétales, il est partiellement dégradé par la flore colique (15 %)
2. Les hémicelluloses : polymères de sucres simples, très hydrophiles, elles sont hydrolysées dans le côlon de 60 à 85 %.
3. Les lignines : très peu hydrophiles, elles offrent une protection (fibreuse) au végétal.
1. Les pectines : polymères de l’acide galacturonique,
2. Les gommes : polymères d’oses, elles sont issues de la sève d’arbres tropicaux (gommes de karaya, arabique et guar),
3. Les mucilages : polymères de fructose, d’acide glucuronique et d’acide mannurosique contenus dans la sève et les algues (psyllium, ispaghule ou graines de lin)
4. Les alginates : provenant des algues.
Les fibres solubles sont en grande partie dégradées (sauf les mucilages et les alginates) dans l’iléon et surtout le côlon droit par la flore bactérienne. C’est par l’intermédiaire de leurs produits de dégradation (notamment les acides gras volatils) qu’elles agissent.
On différencie les fibres " internes ", qui sont un mode de réserve énergétique, et les fibres d’enveloppe, qui offrent une protection contre les agressions : humidité ou sécheresse ; température ; prédateurs. Les fibres d’enveloppes sont plutôt insolubles et les fibres de réserve plutôt solubles. Lorsque le végétal vieillit, il devient plus riche en fibres insolubles, plus " fibreuses " et moins digestibles.
Les effets métaboliques des fibres dépendent de leurs propriétés digestives.
Effets digestifs des fibres alimentaires :
Effets métaboliques des fibres alimentaires :
Les pays développés, dont la France, ont délaissé les aliments non raffinés et ont donc vu diminuer les apports de fibres alimentaires. L’alimentation actuelle n’apporte en moyenne que 5 g de fibres solubles et 10 g de fibres insolubles par jour.
Une consommation plus importante de fibres serait souhaitable pour certains sujets, tels que les malades atteints de constipation, de diverticulose colique, de lithiase biliaire, de surpoids ou d’obésité, d’hypercholestérolémie-LDL, de diabète : un apport de 25 à 30 g/24 h, dont 12 à 15 g de fibres solubles, peut être proposé. Cette quantité doit être atteinte progressivement, par palier de 5 g sur 15 jours chacun.
Aucune étude, cependant, ne permet d’affirmer à ce jour que l’ensemble de la population doit enrichir son alimentation en fibres.
Bien utilisées, les fibres alimentaires possèdent une certaine efficacité. Au-delà de leurs effets digestifs et post-digestifs, elles pourraient avoir une action préventive sur certaines pathologies. Cependant, les preuves indubitables manquent.
Il est possible qu’elles limitent le risque de survenue de cancers recto-coliques, l’évacuation plus rapide de cancérogènes éventuellement présents dans l’intestin est évoquée. La limitation à terme de la fréquence des cancers rectocoliques n’est pas à ce jour démontrée.
Aliments
|
Fibres totales
(g/100g frais) |
Fibres totales
(g/100g sec) |
Fibres solubles
(g/100g frais) |
CEREALES : Son |
38 |
- |
5 |
LÉGUMES , GRAINES, TUBERCULES : Pomme de terre |
1,6 |
7 |
1 |
LÉGUMES VERTS : Choux |
3 (cuit) 6 (cru) |
30 |
45% |
FRUITS FRAIS : Pomme |
1,7 |
12 |
0,7 |
FRUITS SECS : Figues sèches |
- |
18 |
- |
Publié en 2003